La pluie vient de cesser lorsque les treize cyclos, dont une cyclote, du C T Chambérien viennent de s'élancer en direction de St-Gingolph sur la frontière Franco-Suisse. Le ciel très bas véhicule de lourds nuages qui se reflètent sur le lac Léman, ne laissant présager rien de bon. Après quelques kilomètres seulement, arrêt pour "bâchage" sur une route complètement détrempée. Nous entamons la montée du col de la Croix et ses 12 %. La pluie reprend de plus belle et malgré le poncho, les jambes sont vite tétanisées par le froid. Au sommet, bien à l'abri dans la cabane, nous revêtons quelques habits supplémentaires avant d'entamer la descente en plein brouillard, et sous la pluie qui redouble. Les Diablerets : nouvel arrêt cause à pique-nique et...chair de poule ; ça grelotte dur... lorsque la cocotte fait son apparition. Oui, elle est bien là, la cocotte minute que nous avons failli ne pas amener, faute à manque de place ! Elle va nous réchauffer les entrailles avec son thé et son café brûlants. Après maints rajouts de jambières thermiques, gants, bonnets et autres moumoutes et super chaussures, nouveau départ sous la pluie, direction Aeschi terme de cette journée de 156 km via les cols du Pillon et Sannemoser. Un froid vif et un soleil pâle au-dessus du lac de Thun, nous accompagnent en ce début de matinée dans la descente sur Interlaken et dans les 25 km d'ascension du Grimsel (2165 m) . Le moral est au beau fixe et l'ambiance est chaleureuse dans le groupe, puisqu'il ne pleut pas ! Le Grimsel est parsemé de tunnels dont le dernier est interdit aux vélos. Nous empruntons alors ce qui devait être l'ancienne route, sur de disjoints pavés tout en rencontrant pas moins de cinq barrages hydroélectriques, pour finir par retrouver la route initiale peu avant le sommet. Photo de famille et c'est reparti ! C'est sublime ; on aperçoit en face, les lacets qui vont nous conduire tout à l'heure à la Furka à 2431 mètres avec, sur sa gauche, le glacier qui donne naissance au Rhône. Mais auparavant, descente sur Gletsen avant d'enchaîner sur le précité Furka d'où un petit train à crémaillère surgit d'un tunnel vers les 2000 m. La pluie est de retour alors qu'une trentaine de kilomètres en descente restent à parcourir pour rejoindre Erstfeld. En guise de salut, l'hôtelier nous prédit "pas de pluie pour aujourd'hui". Bürglen (village natif de Guillaume Tell) passé dans l'allégresse, se présente le Klausen Pass (1948 m) monté après maints et maints arrêts photos vu la beauté du site changeant à chaque lacet, mais voilà que la pluie se remet à tomber sitôt le sommet franchi. C'est dans la gare de Glarus que nous trouverons l'abri idéal agrémenté par le pique-nique et par les boissons chaudes issues de la cocotte. Le petit col de Filzbach est franchi sous une accalmie et nous quittons la Suisse avec le franchissement du Rhin à Trubbach pour nous retrouver dans le Liechtenstein, arrosé lui aussi. Re-frontière pour l'Autriche et après Bludenz, à nous les pistes cyclables jusqu'au terminus Stallehr ! Nous renonçons à la Silvettra vu la pluie très intense de ce début de matinée. Chaque coup de pédale nous rapproche un peu plus de la neige ; les pâturages en sont déjà couverts ! Mais à Landeck, surprise, le soleil fait son apparition. Il était temps ! Le pique-nique requinquant terminé, nous nous laisserons glisser tout doucement dans la tranquille vallée de l'Otzan en direction de Solden. |
Ce n'est pas vrai ! Il neige ce matin à Solden à 1350 mètres... Et en plus, voilà le brouillard. A contrecœur, pas de Timmeljoch ni de Giovo, nous redescendons la vallée de la veille jusqu'à Œtz où, après renseignements pris auprès des autorités, on décide d'emprunter le col de Kühtaï (2017 m) pour rejoindre Innsbruck. Ce col, avec des passages à 18 % sous la mi pluie- mi neige restera un des plus difficiles. Au sommet, accolés aux vitrines des magasins, nous pique-niquons sans cocotte, vu que le mini-bus n'a pas été autorisé à monter. Le pale soleil qui essaye de percer le ciel gris sera notre seul réconfort avant d'entamer la descente qui nous donne l'impression d'un grand vide. Enfin, la grande ville d'Innsbruck est là ; nous entrons en longeant l'Inn par de surprenantes pistes cyclables. Demain sera jour de repos, chacun en profitera pour faire du tourisme. Pour quitter Innsbruck par les pistes cyclables, c'est bien, mais, lorsque la signalisation est absente, on se retrouve vite fait, sur une route à grande circulation et il faudra toute la compréhension et la gentillesse des autorités pour nous indiquer une route plus tranquille pour rejoindre Zell à Ziller. Nous montons le Gerlo Pass, col à péage pour notre mini-bus et dans la descente, depuis des belvédères aménagés, nous devrions apercevoir les plus hautes chutes d'Europe : Krimmler, Wasserfable etc... mais devinez quoi ? Il repleut et une grande partie des chutes est invisible, idem pour les glaciers ! En tout cas, encore cinquante kilomètres de pistes cyclables, boueuses, tortueuses lorsqu'elles ne sont pas aquatiques, pour rejoindre Zell am See. Encore de nombreux sites occultés faute aux récentes chutes de neige et non des moindres : le refuge Franz Josephs Hohe à 2363 mètres face au glacier du Grossglockner (3397 m) ; on s'en faisait toute une joie ! Alors, après Zaalfelden, zigzag sur les pistes, détours et rallonges mais qu'importe, ici, les villages typiques sont abondamment fleuris. Le poste frontière Austro-Allemand fantôme, abritera notre pique-nique, plus cocotte du jour, et servira de relais au franchissement du col Schwarzbachwach-sattel (tel que ! à 668 m). Salzbourg se profile à l'horizon avec son château dominant la très belle vieille ville, même vue de loin sous la pluie. Près de la maison de Mozart, la foule attend, un groupe de choristes entonne des mélodies. Je ne rêve pas : nous sommes arrivés ! Merci Dominique ; tu n'as pas été récompensé de toute cette préparation. Tu ne pouvais tout de même pas commander la météo, non plus ! Qu'importe, tu garderas notre amitié et notre reconnaissance pour ce voyage si bien orchestré ! Michel CUMIERE N°961 de CHAMBERY (Savoie) |