Baudelaire a composé un poème d'anthologie sur l'Albatros, "vaste oiseau des mers", si beau quand il évolue dans les airs et qui perd toute sa superbe en marchant sur le sol. Le cycliste est un peu de cet acabit. Que ce soit le rouleur, le randonneur ou le grimpeur : sur son vélo, en plein effort, il est souvent élégant, toujours remarquable. Puis, parce qu'il le faut bien, le voici qui descend de son destrier pour se désaltérer à une fontaine ou faire une razzia dans une épicerie de village. |
Alors, sûrement à cause de ses drôles de chaussures, sa démarche paraît hésitante, gauche, presque ridicule. Désaccouplé de sa machine, il est bancal, il claudique. La marche sur le plancher des vaches ne lui est pas habituelle, ça se voit, il le sait ; aussi, semble-t-il presque s'en excuser. Mais dès qu'il remonte sur sa bicyclette et s'élance sur les routes, l'esthétisme est de retour. Comme l'albatros, le cycliste devient majestueux en reprenant son essor. Paul BALMENS N°4366 de MARLENS (Haute-Savoie) |