La lecture de quelques déclarations qui ont circulé sur la messagerie des Cent Cols, m'a un peu préoccupé, sinon inquiété et m'a inspiré ces réflexions : 1ère sorte de déclaration : il faut souffrir, sans quoi grimper un col, n'aurait aucune valeur ! L'on me parle de braquet minimum de 42x26 ; de cols sans valeur, ou très peu, au-dessous de 1000 m ; de cols à plus de 2000 m devant offrir une garantie minimale de difficulté, etc ; et argument supplémentaire, les BCMF en deux jours c'est de la gnognote, une belle preuve de décadence (de la civilisation occidentale sans doute). Avec mon grand plateau de 42 et mes braquets de 22x32 et 20x28 (suivant la bicyclette), aurais-je dû soumettre mes cols à l'homologation ? Tous mes cols entre 100 et 1000 m qui m'ont donné tant de fil à re-tordre, car il n'est pas toujours aisé de s'orienter au milieu de la végétation, mais qui m'ont tant appris sur la lecture des cartes : à jeter aux orties ? Tous ces cols à plus de 2000 m qui ne m'ont pas offert une grande résistance tant il est facile de s'orienter à ces altitudes et de rouler sur des prairies accueillantes : douteux ! Et puis, je me souviens de ce BCMF vosgien. J'avais cru trouver là une formule intelligente qui permettait de jouir des paysages dans leur intégralité (ce qui me paraît difficile à 3h du matin par une nuit sans lune) et qui me semblait peut-être mieux adaptée aux cyclos flirtant avec la soixantaine (ou plus). Erreur, ça ne valait pas tripette, car nous n'aurions pas suffisamment souffert ! Moi qui pensais que la chasse aux cols procurait avant tout des occasions de découvrir des endroits, et des êtres surtout, charmants, insolites, étonnants, curieux, incroyables... de réellement connaître un département, une province. Je me reporte 50 ans en arrière lorsque je pointais les contrôles BCN et BPF, je croyais connaître par exemple les départements de l'Isère ou de la Drôme grâce à ces brevets, excellents au demeurant, après la visite d'un à six sites bien choisis. Avec respectivement près de 350 et 600 visites de sites, à l'occasion d'autant d'escalades de cols, voilà deux départements que j'ai toujours l'impression de ne pas très bien connaître et pourtant j'en ai vu des panoramas sublimes, j'en ai arpenté des sentiers merveilleux, j'en ai découvert des hameaux perdus avec de formidables bâtiments, reflets des façons de vivre de nos ancêtres, j'en ai détecté des toponymes intéressants pour alimenter mes recherches personnelles. Tout cela je le dois à la Confrérie des Cents Cols et je l'ai obtenu sans jamais souffrir, grâce à cet outil hors du commun : la bicyclette. Un bel outil, une belle idée, voilà à quoi j'ai cru naïvement. Bien sûr j'ai fait des efforts, évidemment j'ai fait preuve de ténacité, de passion, mais dans le plaisir et la joie. Alors je ne comprends pas que, pour justifier un ostracisme de mauvais aloi, l'on fasse appel à des notions de souffrance, de dureté minimale (sur quels critères grands dieux), et ceux qui ne sont pas physiquement aptes à ces "efforts" que va-t-on en faire ? Où va-t-on les mettre ? Cela commence à me rappeler de fâcheux souvenirs. |
2ème genre de déclaration : les plaisanteries, pour ne pas dire le mépris carrément affiché, pour les cols à basse altitude. Exemple : René Poty annonce qu'il existerait deux cols dans les Landes à 26 et 34 m (nantis de pancartes provenant de la plus ancienne administration française). Aussitôt, haro sur le baudet, quelle est cette plaisanterie ? Des cols dans les ... Landes, ça n'a pas de sens. Alors va-t-on supprimer du Chauvot les quatre cols dont l'altitude est inférieure ? Est-ce cette altitude qui doit être le critère de qualité d'un col ? Si l'on tient vraiment à un critère de ce genre, c'est bien évidemment la dénivelée qui peut présenter un quelconque intérêt. Le paysage associé, le point de vue au sommet, les caractères géologiques, les monuments, etc, me semblent des critères autrement intéressants (évidemment l'on ne peut pas les résumer dans un simple nombre). Et si l'existence de ces cols incitait quelques cyclos à visiter les Landes c'est positif ou ... ridicule ? Je voudrai, par un exemple, montrer qu'un col à basse et même très basse altitude peut présenter de l'intérêt : le col du Dattier (83-0123)**, une bosse négligeable sur une départementale plutôt fréquentée par les voitures ; évidemment ce n'est pas ici que l'on souffrira (sauf des gaz d'échappement), apparemment un col quasi inexistant, j'en conviens, alors à éliminer ? Oui, sauf ... si arrivant de l'Est l'on prend un petit CV qui permettra de connaître le parcours de l'ancien chemin de fer départemental, une voie en tranchée impressionnante, un long tunnel, une piste R1-2 qui permet de grimper au dit col avec une dénivelée moins ridicule, également un accès aux jardins du Rayol, sauvés par le Conservatoire du Littoral (une extraordinaire visite au printemps), au col l'on peut aussi continuer par des pistes cyclables vers une série de "petits" cols réservant des points de vue inoubliables (bien à l'abri de la circulation). Et je me fais fort de trouver un intérêt appréciable à tous ces cols méprisés, mais pas du tout méprisables. Voilà un petit aperçu de ce que les Cent Cols m'ont apporté, alors soyons tolérants, larges d'esprit, il y a toujours quelque chose à glaner en grimpant un col ... surtout les muletiers (c'est mon péché mignon), bien sûr chacun est libre de ne pas quitter le goudron ... mais c'est vraiment dommage et évidemment chacun est libre de ses comportements, aucune loi ne réprime le masochisme***, mais il paraît que cela se soigne ... par l'utilisation douce de la bicyclette. Michel de BREBISSON N°1315 de MEYLAN (Isère) |