Dans un coin de l'Ardèche secrète
Un cyclo promenait sans but vraiment précis,
Il passait nonchalant, silhouette discrète,
Et chaque carrefour le voyait indécis.
Au hasard de sa route, il longea une ferme,
Déclenchant aussitôt les aboiements d'un chien
Plus par forfanterie, que par morsure en germe
Juste pour signaler qu'ici on gardait bien !
Le minou du logis s'en vint d'un air sévère
Pour faire la leçon au belliqueux Médor,
Leçon, si vous m'en croyez, à la saveur amère
Qu'il donna sur le champ, à l'ombre des blés d'or.
Tu pourrais te montrer juste un brin plus aimable,
Car cet homme qui passe est quelqu'un de très bien,
Un pondéré, un sportif raisonnable
Qui ne nous ennuie pas et ne nous vole rien.
Tu m'agaces, Greffier, à jouer les pandores,
Je n'aboie pas par vice, encore moins par plaisir,
Moi je fais mon métier, tandis que toi tu dors.
Et l'orage arriva, et gonfla à loisir.
Le vélo arrêta net ses bagatelles :
Ne vous accusez pas ainsi de tous les maux,
Car s'il a bien donné vos noms à la querelle,
L'homme sait mieux que vous se battre avec les mots.
Laissez donc la guéguerre à ces indociles,
Laissez les se piquer comme acariens
A propos de leurs clubs, d'autres choses futiles
Et comme chiens et chats, se disputer pour rien.
Rolland ROMERO N°1269
de la VOULTE (Ardèche)