La recherche des cols amène à se poser des questions sur les appellations curieuses qu’on rencontre assez souvent. On pourrait d’abord penser que cette quête est une occupation assez morbide tant la mort est présente dans les cols : par exemple, col de l’Homme mort, col de la Femme morte, col de la Tombe du Père, col du Cheval mort…, et plus rare, col de la Mort de l’Homme. Mais encore plus étonnant : avec mon ami Jean, lors d’une virée dans les Vosges où nous avons pu passer 109 cols (essentiellement muletiers) en 10 jours, nous avons atteint par une piste R1, au-dessus du lac de Gérardmer, le dominant à l’est, le col des Harengs Marinés, qui se trouve être mon 1843 ème. Certes il nous arrive sous la canicule de mariner dans notre jus lors de grimpées difficiles, mais on ne voit pas comment on pourrait trouver, dans un col muletier à 1089 m si éloigné des océans, et qui n’est même pas un « port », ces fameux harengs, qui ne sont pas des poissons d’eau douce puisqu’on les pêche normalement en Atlantique nord, Manche et Mer du Nord. En fait l’explication, fournie par l’Office de tourisme de Gérardmer-Xonrupt, est assez simple : le col des Harengs marinés était un lieu de rendez-vous casse-croûte des forestiers qui se retrouvaient pour y manger…des harengs marinés, d’où le nom qui lui a été donné. |
D’ailleurs on constate que la dénomination des cols traduit bien ici l’activité économique de la région : on trouve en effet dans la même zone, très proches l’un de l’autre, le col des Charbonniers (sans doute pour le charbon de bois) et le col du Port des Planches, montrant bien que l’exploitation du bois, alimentant scieries et papeteries, constitue la principale ressource, avec le tourisme, de la montagne vosgienne. C’est sans doute pour ces raisons qu’il existe un réseau très dense, bien entretenu et balisé, de routes forestières, chemins et sentiers qu’il est très agréable de parcourir à l’abri du vent et des voitures au milieu des conifères, les cols étant signalisés par des panneaux circulaires du Club vosgien placés sur les arbres. L’identification des cols est ainsi grandement facilitée sur les itinéraires proposés par les « Topos » du Club des Cent Cols (nous avons pour nos Harengs utilisé le N°5) : ne pas oublier cependant de les tracer sur les cartes IGN au 1/25000, absolument indispensables en la matière, et de compléter avec les indications de l’altimètre (altitude et dénivelées) et du compteur de distance du vélo ; malgré toutes ces précautions, il arrive qu’on se perde momentanément. Inutile d’ajouter qu’il faut partir en totale autonomie alimentaire pour la journée. Point de chute recommandé pour découvrir cette belle contrée : le Domaine de la Moineaudière, base VTT de randonnée FFCT (10% de remise sur présentation de la licence), route de Valtin, 88400 Xonrupt-Longemer, près du col de Surceneux. Henri Bosc CC n°110 |