Durant les longues soirées d'hiver, mon ami Philippe Cruchet avait concocté une boucle de 6 jours en voyage itinérant au départ de Davos, grappillant un maximum de cols de plus de 2000m entre la Suisse et l'Italie. Naturellement, il m'en avait fait part parce qu'il sait que les cols c'est mon dada aussi et nous avions réservé le début de juillet sur nos calepins pour la réalisation de ce projet épique. Fin juin, Sébastien nous ayant entendu en parler au cours d'une sortie, demanda s'il y avait place pour lui et c'est donc à trois que nous nous sommes mis en route pour Davos le mercredi 5 juillet avec ma voiture. J'avais toujours rêvé du Stelvio; là, j'allais le voir ! Que dis-je, le voir, le grimper ! Et en Moulton ! Et avec bagages de surcroît ! Je vous fais grâce du voyage en voiture, de l'étape Davos-Pontresina par l'Albulapass, sous la pluie, de l'étape Pontrésina-Bormio qui comportait 5 cols sous un beau soleil et de la journée de "repos" à Bormio qui ne comportait qu'un petit aller-retour au passo di Gavia. Au fait, mon ami, au fait ! Lundi 10 juillet, la matinée s'annonce belle. Nous chargeons nos bagages sur les vélos et en route pour le Stelvio (2757 m). Il n'est qu'à 20 kilomètres mais quels kilomètres ! La route passe d'abord par une série de tunnels, puis une série de 14 lacets bordés par une magnifique cascade, ensuite le long d'une large vallée jusqu'au carrefour avec le col d'Umbrail (il est pour demain) et enfin une dernière série de lacets jusqu'au Stelvio lui-même. En plus d'être un des grands cols alpins, le Stelvio est aussi une station de ski avec plusieurs hôtels et plein de boutiques. En fait, il y avait encore de la neige plus haut dans la montagne et c'était tout drôle de voir des gens se promener en fuseaux avec des skis sur l'épaule. |
Après avoir savouré une "Weissbier" à la terrasse d'un hôtel surplombant la descente de l'autre côté, nous y avons réservé une chambre où nous avons déposé nos bagages et nous avons déjeuné. Puis, comme le côté le plus spectaculaire du Stelvio est la montée depuis Trafoi, Sébastien et moi sommes descendus à Trafoi (1543m), descente grisante d'une bonne vingtaine de kilomètres à fond la caisse, y avons bu un cappuccino dans un hôtel très tsoin-tsoin et avons entamé la remontée. Quelle montée ! 4,5 à 5 km/h* au lieu des 65-70 dans la descente mais nous n'avions que ça à faire cet après-midi. Tout le temps donc de déguster le paysage. Chaque virage à un panneau avec un numéro et l'altitude. Le premier rencontré était le numéro 44. Aux alentours du virage N°22, il y avait un hôtel, alors nous nous y sommes arrêtés pour boire un pot à la terrasse, les yeux tournés vers le sommet du col encore 600m plus haut. Au boulot de nouveau et vers 17h30 nous avons eu la satisfaction d'être une nouvelle fois au sommet. La fin de la montée a été beaucoup plus agréable car, à cause de l'heure tardive, la circulation motorisée avait pratiquement cessé. Les seuls sons étaient les sifflements des marmottes de part et d'autre de la vallée. Fifi, qui avait déjà grimpé ce côté-là du Stelvio à vélo quelques années auparavant au retour d'un séjour à Munich, avait profité de l'après-midi pour se promener sur le glacier au-dessus du col. Une journée mémorable avec seulement 48 km au compteur mais 2846m de dénivelé. Essayez de trouver mieux comme rapport distance/dénivelé ! Et, cerise sur le gâteau, j'avais grimpé le Stelvio non pas une seule fois, mais deux ! A 73 ans. Le pied, quoi ! Philippe Meyer CC 84 |