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Sur les traces des dinosaures…

Revue N° 31 Page 16

Parcours semi muletier à la découverte d'un site géologique d'exception à 2400m d'altitude, découvert en août 1976 lors d'une sécheresse exceptionnelle par le géologue français G. Bronner.

Au départ de la douane du Châtelard, on serait bien tenté par une tablette de chocolat mais l'on se dit qu'il est plus raisonnable de réserver ces traditionnels plaisirs suisses pour le retour. Ce parcours est franco-suisse, plus suisse que franco d'ailleurs, car seuls les cols nous feront titiller la frontière avec la France. Une petite route raide en forêt nous fait vite comprendre que les choses sérieuses commencent, puis Finhaut, jolie bourgade un peu au-dessus des gorges de l'eau noire, mais la journée promettant d'être encore longue, on poursuit la route, un peu lancinante… En quittant les derniers mélèzes, on se réconforte par la promesse de photos certainement réussies des épilobes campés au premier plan devant le Mont-Blanc. De la route, en connaissant un peu le massif, on repère aisément au loin l'arrête des Bosses sur la voie normale du Mont-Blanc et même les reflets brillants du refuge Vallot éclairé par le soleil. On poursuit jusqu'au col de la Gueulaz, passage semi artificiel permettant à la route d'accéder au nouveau barrage d'Emosson érigé en 1973.

Impressionnant ouvrage d'art, retenant des millions de mètres cubes d'eau, autant d'énergie électrique potentielle. La circulation automobile s'arrête au col de la Gueulaz (1960m) mais, en été, de nombreux promeneurs s'aventurent sur le barrage et dans les alpages contigus.

Une excellente petite route longe d'abord le lac de retenue puis d'un coup s'élève très abruptement en même temps qu'elle se rétrécit en direction de l'ancien barrage d'Emosson édifié en 1955. Au fur et à mesure de l'ascension on est surpris par tant de minéralité, le manque de végétation trouble un peu mais nous entrons inévitablement dans le domaine de la haute montagne qui commence relativement bas sous ces latitudes des Alpes du Nord. Et les traces de dinosaures dans tout ça me direz-vous ? Point de traces pour l'instant, il faut les mériter ! Et pourtant déjà 1100 m de dénivelée lorsque l'on atteint le barrage du vieux Emosson, superbe également.
Dès lors et toujours en suivant les panneaux suisses jaunes remarquablement disposés, on commence la partie muletière mais non moins intéressante du parcours : un beau sentier presque plat contourne par la droite le lac du Vieux Emosson, puis s'élève obligeant à pousser voire porter le vélo dans l'alpage. Vers 2400m, on atteint alors le site protégé exceptionnel et unique des traces de dinosaures sur une dalle à ciment calcaire, autrefois lagune marine érigée à cette hauteur par le soulèvement alpin. Que l'on est peu de choses devant ces vestiges de 230 millions d'années ! Les traces sont malheureusement un peu érodées par les intempéries et le rude climat local.

Après cet intermède culturel et historique, un sentier à flanc (S2-3) constitué de schistes bien tassés et finalement assez caractéristique de la haute montagne permet d'atteindre assez facilement le col du Vieux (74-2572). Puis un peu de portage pour le col des Corbeaux (74-2602), magnifique vue plongeante sur le lac du Vieux. On peut poursuivre plus ou moins à vue vers le col du Sassey (grand pylône électrique : eh oui ! Il faut bien transporter l'électricité produite à Emosson !) point culminant du parcours à 2700m avec une vue exceptionnelle sur la partie nord de la chaîne du Mont-Blanc avec notamment le glacier d'Argentière, l'aiguille Verte et les Drus…

On peut avoir la chance comme moi de rencontrer un bouquetin qui flâne en rejoignant par la crête le col de la Terrasse (74-2648), qui comme son nom l'indique est une remarquable terrasse sur le massif du Mont-Blanc toujours aussi féerique.

Descente par le lac vert, flaque glaciaire puis retour en direction des traces où l'on trouve de bonnes parties cyclables avec tout de même un peu d'habileté. On récupère la route d'Emosson, ne pas oublier de décrocher au passage le Col du Passet (74-1950a), à deux pas au-dessus de la route à proximité du barrage. Enfin descente dans la vallée de l'eau noire avec encore des images plein la tête de ce parcours grandiose et une pensée pour nos ancêtres sauriens qui ont foulé ce sol bien avant nous.

Cédric Paul

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