Après une montée du Mont Mégantic dans les cantons de l’Est dimanche dernier en compagnie de Michel, parcours au cours duquel nous avons franchi un col dont je trouverai bien le nom puisque le sentier qui rejoint la route à cet endroit porte le nom de sentier du col, nous avons décidé de tourner nos guidons vers le Vermont. En effet, et après de multiples recherches, j’ai enfin trouvé la trace de cols, qui, ici, en plus des termes «pass» et «gap», sont dénommés des «notch». C’est un terme qui n’est utilisé que dans cette région des USA. Départ de Montréal à 6 h avec une température de 4°C en direction du poste frontière Québec-Etats-Unis d’Abercorn. Nous laissons la voiture sous la bonne garde des douaniers québécois et pénétrons aux USA avec des "have a nice trip" mais aussi un "avez-vous mis vos pneus neiges ?" C’est vrai que la température n’est maintenant plus que de 2°C et que des nuages recouvrent les sommets environnants. Direction Richford, puis nous loupons la route de Montgomery, nous obligeant à faire quelques kilomètres supplémentaires. Mais même dans la brume, cette région peu habitée et assez pauvre reste très attachante. Les forêts ont pris leurs couleurs automnales rouges et or qui contrastent avec le gris du ciel. Après une heure, nous avons déjà froid aux pieds et Michel, qui n’a pas de garde-boue est déjà tout décoré. La vallée de la Trout River nous ramène sur Montgomery Center où nous retrouvons notre itinéraire et le début du Hazens Notch. Oh ! Il n’est pas bien haut, du haut de ses 1790 pieds, soit 543 m. Mais ici, les routes sont taillées bien droites. Et après une centaine de mètres le long de la rivière qui est maintenant devenue torrent, la route grimpe brutalement et le 28 dents devient indispensable ; 500m debout sur les pédales auront vite fait de nous réchauffer. Après ce passage à environ 12%, la route continue à cheminer dans la forêt qui est devenue bien sombre mais à un pourcentage plus raisonnable. Puis le goudron s’interrompt pour laisser la place à une piste en terre. Comme il a finalement assez peu plu depuis l’été, la terre est encore bien ferme. Quelques pick-up nous croisent, essentiellement des pêcheurs de truites. |
La brume a maintenant fait place à des flocons de neige humide. Nous ne pouvons voir le col et après avoir franchi quelques raidillons, environnés de gros rochers et de torrents descendant bien vite des sommets, nous nous trouvons face à un nouveau mur. Cette fois-ci, pas de doute, je mets le triple pendant que Michel, imperturbable continue sur son 40. Et la neige s’accroche maintenant aux feuilles des arbres et recouvre l’herbe des clairières. Nous nous interrogeons, pendant combien de temps allons-nous encore monter ? La réponse va bien vite arriver car brutalement, la pente s’inverse. La montée aura duré près de 8 kilomètres dont les deux derniers à plus de 10%. Malgré l’absence de bitume, la descente de l’autre versant se fait relativement rapidement le long d’un autre torrent. Nous avons maintenant l’impression d’être seuls sur terre. Les rares maisons que nous dépassons semblent être abandonnées et quand, brutalement, deux gros chiens font irruption, nous n’en menons pas large. Il nous faudra 10 minutes pour passer. Notre itinéraire contourne maintenant Jay Peak. Nous souhaitons nous accorder une pause à Westfield mais il n’y a pas âme qui vive lorsque nous traversons le village. Ce n’est qu’à Jay que nous trouverons une boutique pour nous réchauffer avec un grand café. La patronne nous demande si nous sommes fous ou courageux, un peu des deux. Il nous reste une trentaine de kilomètres à faire pour retrouver la voiture et le North Jay Pass à franchir. Il me paraîtra beaucoup plus facile que l’an passé quand je l’avais franchi en plein midi alors qu’il faisait près de 40°C. J’aurais volontiers repris un peu de cette chaleur. Nous retrouvons le poste de douane vers 13h30 après cette balade de 85 km, comme quoi l’aventure n’est jamais très loin. Et la douanière finit de nous couper les jambes en nous demandant si nous avons fait des achats aux Etats-Unis. PS: Pour ceux que cela intéresse, j’ai repéré une bonne vingtaine de cols dans le Vermont dont certains muletiers cyclables ainsi que quelques cols dans le Maine et le New-Hampshire. J.F. Gouhier CC 897 |