En ce matin tardivement frileux de juillet 2000, la tête du Parmelan se refuse à chasser son bandeau vaporeux... Y aura-t-il enfin un été ? Quand pourra-t-on aller voir là-haut si les beignets de "Chez Constance" ont su garder leur douce saveur ? Là-haut, le Plateau des Glières... II faut se décider, c'est le jour... Eric, le savoyard de Groisy... Dany, la Commingeoise et moi... moi l'Agenais, près d'Astaffort... près de Francis Cabrel qui un jour de déprime créative, peut-être lassé d'un "métier où tu marches ou tu crèves" souhaita se retirer "dans ce chalet de bois". Je vais donc moi aussi aller voir la "Dame de Haute-Savoie". C'est donc, sans pessimisme aucun, que la mise en route nous conduit près d'Evires, que le verdoyant Col des Fleuries fleure bon le foin enfin séché, que Thorens-Glières isolé de l'axe franco-suisse nous accueille au petit café, là où les géraniums semblent chez eux, là où chacun devise au rythme lent des sonorités locales... en face, tout là-haut la Montagne des Frêtes, la Montagne des Auges, souvenir qui ne peut s'effacer d'une époque où il a fallu savoir résister, d'une époque qui m'a vu naître... et je suis là, nous sommes là, heureux d'aborder en douceur une pente qui ne se décide pas. Usillon, Nant, encore aisance et conversations mais bientôt la réalité du moment nous prouve qu'un lieu espéré se mérite. Eric, de Groisy, a le temps de nous montrer du doigt la vallée de la Fillière, là, sur la droite, profonde... il paraît même que quelques abeilles travaillent pour lui en ces lieux... passion... passion... nous n'en saurons pas plus. Dany, comme souvent ne dit mot, bien qu'elle ait des choses à dire, ce sera pour plus tard, tout là-haut quand le souffle régulier reviendra. |
La montée est belle, momentanément interrompue par les méfaits de la dernière tempête hivernale et puis, les virages succèdent aux virages, enfin une ouverture... la lumière est là, la montée est terminée. Sur la droite, comme une flèche d'espoir vers le ciel, un mémorial, un monument pour ne pas oublier, isolé, reculé, loin du passant parfois aveugle et trop désintéressé. Et puis, un chemin rude où nos roues tressautent et au fond "le chalet de bois" : nous y sommes bientôt. Constance n'est plus là, elle est partie depuis peu, nous ne la verrons plus mais Francis continuera à la chanter... sans doute. Sa famille a su perpétuer son savoir faire... il n'y a plus "les guirlandes qui pendent du toit", les tables sont en bois rude, la chaleur des gens de là-haut saura toujours nous accueillir, les beignets de pommes de terre suffiront à nos besoins avant de reprendre "le chemin de traverse", le chemin du retour. La plongée vers la vallée, vers le plus bas, sera une simple formalité nécessaire et qui sait ! Peut-être qu'un jour "quand j'aurai tout donné, tout écrit, quand je n'aurai plus ma place, je prendrai mon vélo avec moi... et j'irai dormir chez la dame de Haute Savoie". Michel SAVARIN N°2739 de CASTELMAUROU (Haute-Garonne) |