Arménie (montagne du Caucase)

L'Arménie est un tout petit pays, la plus petite des ex Républiques fédérées de l'ex Union Soviétique, grande comme la Belgique, le soit disant "plat pays" , du lointain Caucase, aux confins de l'Europe et de l'Asie, au carrefour de l'Orient et de l'Occident. Un enchevêtrement de montagnes de plus de 3000 mètres d'altitude, tour à tour austères ou luxuriantes et entaillées de vallées profondes, au patrimoine architectural d'une richesse insoupçonnée. L'Arménie n'a certes rien d'un paradis touristique et reste une destination insolite, hors des sentiers battus du tourisme de masse, mais telle que peut l'aimer le cyclo-montagnard. Quant aux routes, elles sont sinueuses et chaotiques et ce n'est pas le terrible séisme meurtrier de 1988 qui a arrangé les choses. Alors, le VTT est recommandé ! Question hébergement, comme pour toutes les ex URSS, se loger constitue l'un des problèmes majeurs. Hors la capitale, les infrastructures hôtelières sont infimes ou d'une vétusté décourageante, sauf peut-être pour le cyclo qui sait s'adapter à beaucoup de conditions particulières.

Après 4h 30 de vol, nous atterrissons à Erevan (altitude 1000 m) la capitale. En ce début d'été, la température à 22h 30 dépasse les 27°, de quoi être prévenu pour les journées futures ! Les formalités douanières expédiées comme lettre en Poste, nous rejoignons notre hôtel de construction typiquement Russe (500 chambres) c'est-à-dire, colossal.

Au programme, une dizaine d'étapes et treize cols recensés, dont onze plus de 2000 mètres.
La première semaine se déroulera en Arménie centrale et dans le nord en totale autonomie. Nous quittons Erevan, car l'air y est malsain ; trafic intense, chaleur et pollution en sont la cause.

La première étape nous sert de mise en jambes et d'acclimatation. La seconde sera plus corsée avec 127 km et deux cols. La chaussée s'élève progressivement sur un haut plateau agricole assez verdoyant. Le coup d'œil est séduisant ! Après le col de Spitak (2378 m) nous changeons de cap et de décor en suivant une vallée sur une route qui a terriblement souffert du tremblement de terre. Le col de Jalur (1952 m) est vite escaladé grâce à Eole qui nous pousse jusqu'au terminus de l'étape Gumri (250000 habitants) la seconde ville du pays.

Pour la nuit, un minuscule motel fera l'affaire et pour 32 francs chacun, nous aurons droit à la chambre de luxe. Les jours suivants se suivent et se ressemblent sous un ciel qui invariablement se fixe au bleu azur et par des températures élevées, malgré l'altitude de la délicieuse brochette de cols à plus de 2000. En Géorgie, après le passage du Karakhach (2272 m) et de l'Amasija (2214 m), nous sommes conduits manu militari au poste pour interrogatoire, car ici, le tourisme, en plein cœur de l'épicentre du séisme, relève dans l'état actuel de la situation, de voyeurisme indécent. Cela s'arrangera bien vite et nous ressortirons libres de toute circulation. Ici, des chaussées, il y en a pour tous les goûts ; des revêtues, des caillouteuses, des défoncées, des exécrables et même des...excellentes, en tout cas, la remontée vers le nord nous servira de test pour la solidité de nos montures. Après quelques détours par le col de Bazum (2559 m), de Margaovit (2628 m) et de Pouchkine (2037 m), un vrai mini-Stelvio, le résultat du test sera concluant : pas de casse !

La région nord, surnommée la Suisse Arménienne avec ses forêts de sapins et de pins à perte de vue, ses plantes aromatiques, nous la quittons après le col de Sevan (2114 m) sur la route du lac du même nom et pompeusement baptisé "Perle d'Arménie" et nous rejoindrons Erevan par la seule autoroute du pays qui n'est, ni plus ni moins, qu'une nationale de chez nous avec un trafic irrégulier. Le lendemain, retour au lac Sevan où débute l'ascension des cols de Karmir (2176 m) et de Zod (2366 m) jouxtant la frontière de l'Azerbaïdjan.

L'étape suivante se conclura à la station thermale de Djermouk (un petit Vichy à 2100 m) où nous serons reçus avec tous les honneurs par le Directeur de cet établissement de cure. Les jours suivants, nous empocherons, en direction de la République du Nakhitchévan, le col d'Agchad (1999 m !) et le col de Vorotan (2344 m) où nous aurons tout juste le temps de nous mettre à l'abri dans une roulotte aménagée en buvette et dortoir, alors que l'orage éclatait. Puis, nous jouerons à saute mouton en direction de l'Iran, par une belle route qui borde des monts enneigés avec en bouquet final, le franchissement du plus haut col routier : le Débaklu Pass (2535 m). Le voyage touche à sa fin et, c'est en... voiture que nous effectuons la traversée de tout le pays pour rentrer à Erevan avec un ultime tableau : le mont Ararat (5165 m), majestueux et cerné par son éternelle couronne enneigée.

Quelle heureuse conclusion pour ce voyage effectué en compagnie de Miss Barbara Léonard des USA !!!

Charles WINTER N°1835

de LEVALLOIS-PERRET (Hauts-de-Seine)