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Circolvolutions

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Nous avons quitté le Caylar après une nuit réparatrice et pédalions sur le Causse du Larzac par de petites routes étroites, désertes et herbeuses avec seulement en quelques rares endroits, des bâtiments d'âge incertain, plus ou moins délabrés, habités cependant, car s'échappait de leur cheminée un maigre panache blanc dans le ciel délavé de ce doux matin d'été finissant, et aussi frémissait un rideau de fenêtre se soulevant à peine, telle une paupière alanguie.

Cette atmosphère amena sur les lèvres de Bodi, mon compagnon de route, cette remarque : "plus tard dans leurs discussions, ils diront : mais si rappelle-toi, c'est l'année où il est passé deux cyclistes sur la route..."

Soudainement, dans une courbe, apparaît sur le côté gauche, une grande bâtisse, auberge située en un point névralgique, puisqu'un panorama y est signalé. Se découvre devant nous le Cirque de Navacelles. Le site porte admirablement son nom. De gradins en gradins, le sol s'est affaissé et quatre cents mètres plus bas, une large piste circulaire toute verte, en l'occurrence un méandre abandonné de la Vis, tortueuse rivière affluente de l'Hérault, encadre au centre la scène, le petit village de Navacelles, groupé sur un mamelon que domine son église. Le soleil matinal donne un relief saisissant à l'ensemble.

Un coup de pédales, un virage à 180°, et devant nous se tortille un ahurissant chemin caillouteux récemment gravillonné par une DDE attentionnée qui aurait eu vent de notre passage. Nous dégringolons ce toboggan pour nous retrouver au niveau du lit abandonné de la rivière. Un petit café pris sur la terrasse de l'accueillante auberge de la Cascade nous permet de solliciter sans arrière-pensée le sacro-saint tampon BPF du lieu. Notre dégustation effectuée dans le doux bruissement de la cascade cachée dans le feuillage, nous laisse le loisir d'ausculter avec soin les gradins opposés à ceux de notre descente et qui doivent nous permettre de sortir de cet entonnoir géant.
De fait, après une longue grimpée, un amoncellement de voitures et de badauds, et une chaussée qui s'abaisse aimablement nous font comprendre que nous sommes à nouveau sur le plateau du Larzac.

Nouveau point de vue. On se fraie un passage dans la masse humaine jusqu'au bord du parapet, et alors c'est l'éblouissement. La même surprise que le point de vue de l'autre côté de tout à l'heure. D'ailleurs on pourrait la toucher du doigt cette muraille verticale d'en face, enfin presque ! Et là-bas, en bas, quatre cents mètres plus bas, serpents gris et argents, la route et la rivière qui y mènent. Comment expliquer cette anomalie fabuleuse de Dame Nature où l'on va devoir plonger avant de déployer une énergie et des forces certaines pour se sortir de là ?

"Quel dommage, dis-je à Bodi, tout y est, la pente, le panorama, tout comme si c'était un col, sauf que ça descend d'abord pour monter ensuite, alors forcément, ça ne peut être un col".

"Mais si, me susurra alors mon copain, c'est un COL en CREUX !".

Gabriel BARILLET N°2959

de REIMS (Marne)


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