35 ou 36 cols en quatre courtes randonnées ! Et un catalogue presque complet de toutes les catégories de cols ( il manque le "plus de 2000 m", le Haut-Languedoc, c'est trop bas ! ). Pentecôte 98, le meilleur palmarès de toute une carrière de chasseurs de cols ! 1 - le col à grande circulation : le Col des Très Vents (34-580b) Après une belle enfilade de cols muletiers sur l'adret de la vallée de la Mare, six cols en moins de dix kilomètres, nous décidons de monter sur l'ubac, par la D 13, au Col des Très Vents. Des vents, nous ne savons pas encore s'il y en a trois ou treize, mais des voitures, sans aucun doute, bien plus de treize. Trop, vraiment trop, et accélérant, rétrogradant, empestant ... Au sommet du col, nous étions si pressés de quitter les lieux que nous n'avons pas sorti la carte ! Quelle erreur, nous n'avons pas vu le chemin du col de Cabausse qui nous aurait évité de descendre par la même route, et permis de faire deux nouveaux cols en descente. Il faut toujours sortir la carte ! 2 - le col-surprise, mais est-ce bien un col ? : la Croix de Mounis (34-810 ? 34-809 ?) Nous avons remonté la vallée de la Mare, franchi le col du Plo, et nous voilà dans une belle montée face aux falaises du Roc d'Orque. Hélas, pas de col au bout! Sur la carte, une étoile rouge, une altitude (810 m) et "point de vue"... Belle montée, belle épingle, belle route de crête... Quel dommage vraiment, cela ferait un si beau col ! Mais n'est-ce pas un panneau de col que nous apercevons à la cime ? Mais si ! "La Croix de Mounis alt. 809 m" ! Zut, le mot col n'est pas précisé, et pourtant de l'autre côté, ça redescend jusqu'à 797 m ! Alors, col ou pas ? Nous allons poser la question... Cela nous ferait 36 cols en tout : un beau chiffre bien mathématique... 3 - le col sous l'orage : le Col du Bouisset (34-885) Il est presque midi, tous les équipiers ont un petit creux. Aussi, après avoir effectué les 500 mètres de chemin pour atteindre le Col du Bouisset, nous nous installons à l'ombre d'un grand hêtre, le seul de la crête. Déploiement de la couverture de survie pour s'asseoir au sec, et début du festin... Un grand bruit de feuilles, et un choc mou dans l'herbe... Un oeuf tombé d'un nid ? Non, une belle crotte colorée! Nous en remontons la trajectoire et découvrons une grosse corneille, blottie dans une fourche. Nous reprenons notre repas. Nouveau bruit de feuilles, mais cette fois, cela se répète et s'intensifie. Le soleil est encore là, mais un gros nuage déverse de lourdes gouttes qui finissent par traverser la frondaison épaisse du hêtre. Plus de soleil, et le tonnerre au loin, puis tout près... Un grand froissement d'ailes et de feuilles: la corneille fuit ! A la hâte, nous en faisons autant, le hêtre isolé sur la crête est une belle antenne pour attirer la foudre ! Et c'est sous nos impers et une forte pluie d'orage que nous grimpons vers le col et le sommet de l'Espinouse. L'orage a le bon goût de nous y précéder, et de nous y laisser une belle lumière et des nappes de vapeur d'eau montant sous les rayons du soleil. 4 - le col à situation géographique incertaine : le Col de la Plane (34-925) Nous descendons du sommet de l'Espinouse, sur une route bordée des franges blanches : des grêlons tombés sous l'orage. Points de vue, belvédères et cols se succèdent, nous glissons vers le Caroux... Un col est indiqué sur la gauche, avec 250 mètres de piste. Nous nous élançons joyeusement dans la courte remontée et nous nous retrouvons au milieu d'un débarquement ... de VTT ! Des camionnettes déchargent là des vélos et des touristes ; notez bien la nuance : des touristes, pas des cyclotouristes ! Et au niveau des vélos, même nuance : André s'alarme d'un tube de selle tellement sorti qu'il ne tient qu'à peine dans le tube de cadre. L'incompréhension est générale : nous ne voyons pas l'intérêt de se faire treuiller là, ils ne comprennent pas pourquoi nous repartons dans la descente, sitôt arrivés. Comment leur expliquer la Centcollimie en termes simples et rationnels ? Et, en plus, le soir, nous constatons que, sur le Chauvot, le col de la Plane est sur la route départementale 180 ! 5 - Le col à cohabitation délicate : le Col de l'Airole (34-949) Proposer une petite remontée en pleine descente, pour voir les vieilles pierres d'un hameau typique: Douch, c'était risquer un refus catégorique... Mais au bout de la montée, il y a un col! Allez, je tente le coup et ça marche ! Que ne feraient pas mes équipiers pour un col de plus... Nous voilà donc portant nos vélos dans les rochers pour couper un long détour et rejoindre la petite route juste en contrebas : un peu de piment ne nuit pas! Nous escaladons, sur nos montures, l'épingle qui conduit au petit hameau sur le Caroux et là, tout d'un coup, c'est la foule! Des randonneurs pédestres de partout : je sens un petit flottement dans l'équipe. Oserons-nous nous lancer dans la pente devant tous ces spectateurs ? Finalement, entre deux cohortes, nous nous élançons, le début est délicat, nous avons pris l'ancien chemin devenu torrent. Double chute... Jeanne enfonce ma béquille qui se met à frotter les rayons. On répare et on repart sur le bon chemin : un vrai muletier. Et là, dans une grimpée bien raide, le fringant destrier de Jeanne lui prouve qu'il sait aussi... reculer! Deux mètres en marche arrière et nouvelle chute devant un couple de randonneurs ravis du divertissement. Jeanne, elle, n'apprécie pas et continue discrètement à pied. Au col, c'est large et nos quatre engins trouvent leur place sans gêner les "piétons". Et quelle vue! de l'autre côté, ce sont les fameuses Gorges d'Héric et la vallée de l'Orb. Nous ne regrettons vraiment pas, d'autant plus que la descente s'effectue sans encombre, nous préférons mettre pied à terre lorsque nous croisons des groupes de marcheurs ! |
6 - le col interdit : le Col du Rulladou (34-555b) La veille, du Col de la Pierre Plantée, nous avions aperçu, dans un rayon de soleil, sur l'adret de la vallée de la Mare, un hameau aux maisons serrées contre la pente : les Nières... et en consultant la carte, un raccourci s'est imposé : nous allions monter aux Nières et couper par le Col du Rulladou pour rejoindre la classique D 163 et sa suite de cols. Un col de plus, moins de perte d'altitude dans la vallée et moins de grande route ! D'accord, les courbes de niveau semblaient étranges au niveau de ce col, les "levées de terre" nombreuses et les chemins étaient bordés du symbole noir légendé "en remblai" : nous n'avons été qu'à moitié surpris en découvrant, dans l'épingle finale, les reliefs manifestes et caractéristiques d'une carrière. Mais complètement démunis devant le panneau "H B C M - propriété privée - accès interdit - sauf riverains". Demi-tour ? Non, tout semble désert, et puis le chemin ne fait que deux kilomètres, et puis il n'y a pas de barrière, et puis... tout redescendre... Nous nous engageons ... petit moment d'émotion : une camionnette rouge déjà croisée bien plus bas semble nous observer ... puis repart... Nous nous retrouvons devant de gros engins au repos et des chemins tracés au bull : nous sommes dans les Houillères du Bassin du Centre et du Midi ! Nous franchissons le col, pas trop vilain au milieu des genêts et, après une épingle, retrouvons la sécurité de la Départementale 163 ! Ouf ! 7 - les cols mal indiqués par la D.D.E : le Col de la Font (34-829) et le Col du Layrac (12-765) Nous avons atteint dans le brouillard la D 163, nous avons franchi le col des Cabanes et nous continuons, après des épingles, en surplombant la vallée de la Mare. J'ai sorti la carte, elle est devant moi, bien à plat sur le sac de guidon. J'aime bien suivre mètre par mètre ma progression : avec une carte au 1/25 000 ème, j'avance tellement vite ! Sous le brouillard, je devine les cols que nous avions franchis la veille, au fond, d'autres que nous aurions pu franchir, un peu plus haut, sur de larges pistes. Me voilà sur la crête, dans 500 mètres, le Col de la Font. J'y arrive dans le brouillard : on m'annonce qu'on m'attend depuis un moment (finalement, ça doit me ralentir de lire la carte !) et qu'on se gèle, et qu'on est au col du Layrac. Alors là, je ris bien : d'accord, j'arrive la dernière, mais moi je sais où je suis et si je ne regardais pas bien les cartes, hein, combien de cols aurions-nous ratés ? On me montre alors un panneau bien propre, bien officiel, "Col du Layrac". Me suis-je, en plus, un peu endormie ? Le brouillard m'a-t-il désorientée ? Mon amour-propre est vraiment atteint : je consulte avec soin ma carte. Avant le col du Layrac, une épingle très nette. Personne ne se rappelle l'avoir franchie, et nous la découvrons dans la descente : j'avais raison ! Nous étions bien au col de la Font ! Et nous arrivons maintenant seulement au col du Layrac ! Mais devons-nous croire la carte ou le panneau routier ? Pour moi, outre le problème d'amour-propre, la configuration de la carte semble plus cohérente avec les altitudes et les limites de département ! 8 - le chemin peu fréquenté : liaison Col de la Femme Morte (12-912) - Col de la Daguette (12-861) Nous quittons la Départementale 52, dans l'Aveyron, pour rejoindre par un large chemin plat, le Col de la Femme Morte. Là, nous plongeons entre deux haies de genêts, vers le hameau du Berthelays. Notre objectif : rejoindre la route du col de la Daguette en coupant au plus court. Au plus court et très vite au plus étroit, les genêts se rapprochent et bientôt nous devons forcer le passage entre les rameaux fleuris et heureusement non épineux ! Un peu plus loin, plus de genêts, mais un sous-bois sombre, un chemin boueux et peu marqué. D'après la carte, nous ne sommes pas loin du hameau : nous persistons et arrivons, accompagnés d'aboiements de chiens, au milieu d'un groupe d'habitations, et dans l'étonnement général ... Ce chemin, cela faisait longtemps qu'il n'était plus utilisé, alors, voir déboucher quatre vélos du bois, vous pensez d'une surprise ... Bonjour, sourires amusés, et nous filons vers la route goudronnée ! 9 - les cols en fond de vallée : Col de Sainte-Colombe (34-355) et Pas de la Lauze (34-352) Dernier jour et temps gris, nous longeons l'Orb par une petite route, rive droite, et rejoignons l'autre rive, la grande route et les gorges : peu de circulation heureusement. Et déjà le col de Sainte-Colombe : la route ne suit pas un méandre de l'Orb mais coupe entre un petit promontoire et le flanc des gorges. Même scénario après Truscas, là, ça monte un peu quand même, on voit mieux le col ! Et ce n'est qu'après les Bains d'Avène que nous gravirons, par de belles épingles régulières, les pentes vers le Col de l'Homme Mort, au pied du Larzac. Deux cols sans presque monter, cela ne se refuse pas ! Et cela porte à 35 nouveaux cols la récolte du séjour ! Michèle SASSOULAS N°1430 de CHABEUIL (Drôme) |