"... le départ de l'étape Lyon - Marseille était prévu, le 9 juillet 1904, à vingt heures trente. En cas de fort mistral dans la vallée du Rhône, il serait reporté de deux heures tellement ce vent, soufflant vers le sud, pouvait avantager les coureurs de ce deuxième Tour de France.." "... après Saint Etienne, à 517 m d'altitude, les coureurs devaient franchir le Col de la République ou Col du Grand Bois, à 1161m. La montée présente des côtes assez raides, surtout sur la fin. "... Dans le noir il était difficile de se rendre compte de ce qui se passait. On entendait des cris : "A bas Garin ! Vive Faure ! Tuez-les !" Maurice Garin tombait et se relevait. Gerbi restait à terre et ne se relevait plus. De l'intérieur d'une des voitures suiveuses, quelqu'un tira des coups de revolver en l'air en dispersant les agresseurs qui disparaissaient dans l'obscurité. Un voyou cria encore : "le numéro 58, Faure, c'est lui que nous voulons premier !" |
Mais écoutons plutôt le témoignage écrit des coureurs présents cette nuit là... "...Tout à coup, dans le haut de cette côte, Faure démarre brusquement et prend deux ou trois longueurs. Nous levons la tête et nous apercevons à 50 mètres devant nous un groupe d'une centaine d'individus formant la haie de chaque côté de la route ; ils sont armés de gourdins et de pierres. Faure s'engage résolument et passe, alors les gourdins se lèvent et retombent sur les suivants. Pothier, qui a réussi à reprendre la roue de Faure, échappe aux coups. Maurice Garin reçoit quatre coups simultanément : une pierre dans la joue droite, un coup de gourdin au genou droit et deux autres coups sur le bras gauche ; l'un de ces derniers est donné avec une telle violence que ce coureur devra finir l'étape, plus de trois cent kilomètres, la main appuyée sur le guidon sans pouvoir se servir de ce bras. Daumain est renversé et blessé au genou, il peut remonter et s'échapper. Quant à Gerbi, il est littéralement assommé, les coups pleuvent sur lui, un seul coup lui coupe le doigt sur le guidon. Il a cependant la force de s'échapper ; mais quelques mètres plus loin, il tombe pour ne plus se relever..." Extrait d'un merveilleux livre "Maurice Garin - Le cyclisme du siècle dernier" écrit par l'un des nôtres - Franco CUAZ - de Courmayeur (Italie) distribué en France par les Éditions Franck, BP 404 - 74013 Annecy. Ce livre vient d'être récompensé, le 19 janvier dernier, par le Jury de l'Association des Ecrivains Sportifs couronnant le meilleur ouvrage d'art sportif de l'année.
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