Il faut dire que ce vendredi 18 juin 2004 vers 19 h, malgré l’apéritif hors normes offert par Martin, l’ambiance était plutôt nostalgique. Pensif, chacun devait admettre que c’était fini, et s’imaginer reprendre pied dans sa vie personnelle, sa vie de travail, enfin sa vie de tous les jours. Ce que nous venions de vivre n’a sans doute rien d’extraordinaire. Il n’est cependant pas coutumier de tout quitter pour aller se farcir la randonnée permanente « Cent cols en Pyrénées ». C’est Jean qui a eu l’idée de concocter et d’organiser ce périple. Jean Servais, bien connu au sein de notre fédération pour ses engagements à la commission tourisme. Le 5 juin, deux semaines auparavant, nous nous sommes retrouvés huit personnes à Saint-Paul en Fenouillet (11), sept pédalants et Jean-Claude, notre accompagnateur. Le groupe très cosmopolite et composé de 4 Belges, 2 Luxembourgeois, 1 Suisse et 1 Français, Savoyard, votre serviteur. Pas besoin de faire les présentations avec Guy, puisque nous avons partagé la même chambre lors d’un séjour aux Dolomites. Que le monde est petit… Ax-les-Thermes / Massat : Au fil des jours et des étapes, chacun se démarque et les personnalités se mettent à jour. D’abord c’est Marcel : jovial, rigolard, avec des réparties à vous couper le souffle, à vous plier de rire. En voici une, arrivée plus loin et que je rapporte ici : au col de Jou ( 66-1125b) – un écart pour pointer un BPF à l’Abbaye de Saint-Martin du Canigou – il cherche le col sur un panneau touristique de randonnées, Thomas s’approche et le lui indique. « Oh ! mais bien sûr, c’est facile à trouver si tu cherches ailleurs que là où je regarde… » Incontournable , ce Marcel ! Jos est venu avec Guy, son ami, toujours dans son sillage, souriant, c’est la discrétion même, bon pédaleur, prudent en descente. Un bon compagnon, qui chaque jour fait un col de plus, car il monte un Col Nago. St-Bertrand de Comminges / Argelès Gazost : Il fait chaud, très chaud. Heureusement, nous avons Jean-Claude, notre accompagnateur : il s’occupe de la logistique, transport des bagages et ravitaillement. Attentif à nos besoins et à notre écoute, serviable, sa tâche est difficile car notre petit groupe est parfois très étiré, dispersé même, les uns à grappiller quelques cols supplémentaires, d’autres s’offrant une pause café. Merci Jean-Claude, tu as été comme une mère pour nous ! Tardet-Sorholus / Larrau : Une journée avec la pluie, nous avons failli couler à Bielle…Le lendemain, au col d’Aubisque le froid et un vent à écorner les guidons de vélos nous incitent à prendre un chocolat chaud à l’auberge du coin, avant de plonger grelottants dans la descente. Luz Saint-Sauveur : Marcel devra revenir faire le Tourmalet puisqu’il a oublié de pointer son BPF ! Le vent est toujours avec nous, souvent contre d’ailleurs. Il ne fait pas chaud. |
Au fait, où est Martin ? Personne ne sait ce que fait l’ami Martin…Il déjeune en survêtement, alors que nous sommes prêts à partir en tenue cyclo. Il part bien après nous, et tout à coup avec son grand sourire et un mot gentil nous dépasse. C’en est fini de sa compagnie jusqu’à notre arrivée, car ça fait bien deux heures qu’il nous attend. C’est une Formule 1. Une fois, une seule fois, nous avons rattrapé Martin : son vélo était à l’envers, une pierre lui ayant crevé les deux roues. « Ah, mais bien sûr, il va tellement vite qu’il n’a pas le temps de voir les cailloux » a dit Marcel. Bagnères de Luchon : Il faut toujours s’encapuchonner avant les descentes. Le ciel est très couvert. Une journée en Espagne, c’est à Sort que l’on dort, avant de traverser Andorre. Avec Thomas, mon collègue de chambre, nous ne sommes pas prêts d’oublier toute cette circulation, ni la police à chaque carrefour, ni la pluie et le grésil tambourinant sur le casque en arrivant au Port d’Envalira ( AN- 2405 m) La Tour de Carol / Vernet-les-Bains : Au sommet des cols, Jean attend Marcel. - « C’est forcé que j’arrive le dernier puisque je mouline petit !» En bas, Marcel attend Jean. - «Faut que je l’attende, sinon il va me faire la gueule ! » Quelle belle amitié, et quelle complicité entre ces deux cyclos. Le ciel est à nouveau bien dégagé, et le vent nous est favorable. Quel bonheur de pédaler dans ces conditions et « que la montagne est belle » comme chante Jean Ferrat. Je n’ai pas encore beaucoup parlé de Guy : je l’apprécie, nous avons fait précédemment un séjour en Italie. En tête de groupe, c’est un grand rouleur, un bon grimpeur, et il en connaît un rayon…Côté cassette, il y en a un qui s’est fait la malle, il a dû dévoiler sa roue. Photographe du groupe, il clique à tours de bras. Merci Guy ! Dernière étape pour rejoindre Saint-Paul. Le soleil tape dur. Ce fut une rude journée, car avec Thomas nous avons beaucoup zigzagué pour accumuler et empocher un maximum de cols. Bilan de la journée : 150 km et 17 cols. - « Bravo Thomas, toi qui craignais pour ton manque d’entraînement, tu as fait preuve de beaucoup de volonté ! ». Pour vous permettre de les découvrir vous-même je n’ai pas ou peu parlé des paysages magnifiques, des gorges profondes, des cimes enneigées, des vaches, des moutons en liberté sur les routes. Allez donc les voir en faisant d’un trait ou par petits morceaux cette superbe randonnée permanente « Cent cols en Pyrénées ». Par cette bafouille, je voudrais surtout remercier tous les participants à ce séjour pour l’amitié, le civisme et l’entraide dont ils ont fait preuve. Un podium en particulier à Jean-Claude, notre accompagnateur, et à Jean, instigateur et réalisateur de ce fantastique voyage. Bernard Monnin CC n°5041 |