Les marcheurs de Thiers Roanne connaissent tous le col de Saint-Thomas avec sa fameuse pancarte "Ici finit la France et le Forez, ici commence l'Auvergne". De nombreux cyclos le connaissent aussi : qu'il s'agisse des Monts de la Madeleine ou des Monts du Forez pour ne citer que deux des plus célèbres, de nombreuses randonnées inscrivent ce col sur leur parcours. Tous, j'en suis convaincu, gardent de ce col le souvenir d'un col difficile, d'une route ingrate à trois chevrons qui oblige à user des petits développements et à piocher dans ses réserves d'énergie pour le franchir. Bref, c'est un col qui se passe quand on est engagé dans une randonnée qui l'a mis à son programme, ce n'est pas forcément un col à faire tous les jours par plaisir. Et pourtant, un cyclo de mon club l'a franchi à 460 reprises ! Il en connaît tous les accès : les deux versants goudronnés, bien sûr, avec toutes les variantes possibles et imaginables dans l'approche du pied du col, mais aussi les chemins forestiers qui y conduisent. Il fréquentait d'ailleurs les lieux avant que la route ne soit goudronnée, et probablement avant que l'appellation "Col de Saint-Thomas" ne soit officielle, puisqu'il m'a raconté avoir poursuivi l'ascension jusqu'au sommet du Mont Saint-Thomas, au-dessus du col actuel. Dernièrement il m'a fait part de l'ouverture d'un chemin forestier qui lui a permis de découvrir une nouvelle approche du col de Saint-Thomas. Ce cyclo, c'est Michel ALMANZOR , Secrétaire de l'Amicale Cyclo-Clermontoise et gestionnaire du Challenge des Cols et Monts d'Auvergne ainsi que de la Clermontane. Michel est membre de la Confrérie des Cent Cols depuis de nombreuses années. Son total de cols peut sembler modeste, car en fait son objectif n'est pas le nombre de cols : quand j'évoque ma centaine de cols annuelle, il me traite de cannibale. |
Son approche est différente, il agit en dilettante, au sens premier et positif de ce terme, c'est à dire en amateur très éclairé. Il possède une documentation fournie sur tout ce qui touche au cyclotourisme : revues, livres, coupures de presse, compte rendus divers. Il est sensible au côté historique de la randonnée cyclotouriste. Quant à l'issue de ses lectures et de ses méditations, un col lui paraît digne d'intérêt, il le fait sortir du lot. S'ensuit alors une période de maturation, puis il part faire tel ou tel col des Cévennes ou du Jura qui aura retenu son attention. Ce sera l'un des rares cols de sa mise à jour annuelle. Et entre-temps, il aura grimpé inlassablement les pentes du Col de Saint-Thomas. Michel est Stéphanois d'origine, Clermontois d'adoption, et possède un pied à terre familial sur les hauteurs de Noirétable, à proximité du Col de Saint-Thomas, mais ceci n'explique pas tout. Faisant honneur à l'étymologie de son patronyme - Almanzor est un nom d'origine mauresque qui signifie "le vainqueur" et que s'attribua un calife après avoir vaincu les chrétiens en Gallice au temps de l'Espagne musulmane - Michel a, par une pratique assidue, définitivement vaincu le col de Saint-Thomas. Son mental en a dompté toutes les difficultés, sa mémoire en connaît tous les pièges, et ses jambes lui procurent le plaisir d'une ascension sans cesse renouvelée. Ici s'illustre un autre trait du caractère de Michel ALMANZOR : la fidélité. Autant attiré par les Monts que par les Cols, Michel est Cinglé du Mont Ventoux, Fêlé du Grand Colombier, Accro de la Journée Vélocio, Vétéran des Monts de la Madeleine. Il est Fada du Saint-Thomas comme Marius l'était de Fanny, c'est-à-dire qu'il aime ce col par-dessus tout, c'est devenu son terrain de prédilection. Il me reste à lui adresser un message : pour ton 500 ème Saint-Thomas, Michel, fais-nous signe, nous prévoirons quelques bouteilles ! Claude BENISTRAND N°284 de CLERMOND-FERRAND (Puy-de-Dôme) |