Difficile d'envisager de ne pas profiter de vacances en Turquie sans tenter d'arrondir mon pécule de cols . Dès le lieu du séjour connu, je m'étais précipité sur le catalogue des cols turcs en moins de temps qu'il n'en faut à ma roue de 700 pour accomplir une circonvolution (dans la descente d'un col, bien sûr ...) Déception! Si plus de 300 cols figurent à l'inventaire de ce vaste pays, seuls deux d'entr'eux paraissent accessibles sans approche motorisée depuis Kusadashi, mon lieu de résidence : le Camlik Geç et le Meryemana Geç, altitudes indéterminées. Difficile de se procurer une monture dans le Club-Village qui accueille pourtant plus d'un millier de touristes. Finalement, je devrai, après moultes palabres, me contenter d'un VTT et encore, ne pourrai en prendre possession qu'à partir de 19 h 30 alors que j'avais prévu mon escapade vers les 9 h 30. Dès 6 h30, le lendemain, je m'élance afin de rouler le moins possible sous les fortes chaleurs ; rapidement, j'apprécie à sa juste valeur le VTT par sa souplesse de dégagement vers les bas-côtés de la route dès que des ronflements de moteurs se rapprochent. Ici, la route appartient aux seuls véhicules motorisés qui le font savoir par klaxon interposé. Des carrioles et toutes sortes d'attelages, fort nombreux, brinquebalent en dehors de la chaussée dès qu'ils en ont la possibilité. Le peuple turc, au demeurant très accueillant, devient nerveux dès qu'il tient un volant. Avant de s'enfoncer à l'intérieur des terres, mon chemin longe pendant quelques kilomètres la côte, me permettant au passage d'admirer la baie de Kusadashi et d'entrevoir dans le lointain, au delà des flots bleus de la mer Egée, l'île grecque de Samos. A l'approche de Selçuk, au milieu des champs de coton dont les fleurs commencent à s'épanouir, je croise quelques vélos à l'allure antique. |
Passage devant le site sublime d'Ephèse visité quelques jours plus tôt ; splendide métropole sous l'antiquité, ses ruines constituent un témoignage émouvant de sa splendeur passée. Les alluvions déposées par le Kuçuk Menderès ont repoussé la mer Egée à une dizaine de kilomètres de ce qui fut la rue du Port et l'altimètre qui se bloque sur le chiffre 10, confirme que je ne me trouve guère au-dessus du niveau de la mer malgré les nombreuses bosses avalées. Sitôt passé Ephèse, un panneau " House of Virgin Mary " indique la même direction que celle du col de Meryemana. La route s'élève immédiatement, permettant une vue aérienne sur la cité antique. Sur ces pentes soutenues, je serai encouragé par des touristes, anglophones pour la plupart et après 5 à 6 kilomètres d'ascension, l'altimètre créditera l'altitude (non vérifiée) de ce col de 405 mètres. Et au sommet, surprises ! D'abord, un péage auquel je pourrai me soustraire grâce à la modestie de ma monture, mais ensuite, la découverte d'une chapelle érigée sur les fondations de la dernière demeure de la Vierge Marie. Un panneau explicatif, dans ma langue maternelle, m'apprendra l'histoire de ce monument culturel dont j'ignorais complètement l'existence. Après avoir apprécié la descente bien roulante, une pente douce me conduira à mon second objectif de la journée et c'est, naturellement satisfait du devoir accompli, que je rejoindrai mon port d'attache au terme d'un parcours de 75 kilomètres environ. René USEO N°2848 de SEYNOD (Haute-Savoie) |