Arrivé à 60 ans avec un peu plus de 100 cols, j'envisage sérieusement mon entrée à la Confrérie des "Cent Cols", mais il me manque les fameux "+ de 2000 m". Le Bourbonnais n'étant pas propice pour en rencontrer, j'opte pour un séjour dans la région de Barcelonnette. Le dimanche 7 juillet, à 7 heures, je prends le départ de la 4ème "Randonnée de la Route la plus Haute d'Europe" : la Cime de la Bonette ; rien que ça pour un début ! Optimiste, je prends également la carte du Rallye des 7 cols de la vallée de l'Ubaye. Il faut dire que des camarades de club m'avaient certifié que les différents cols convoités étaient plus longs mais bien moins durs que la montée du Puy-de-Dôme. J'ai pu constater par la suite qu'ils avaient raison. Dès la sortie de Jausiers, le premier panneau est rassurant : il n'y a "que" 23 km jusqu'au sommet ! Roulant à l'économie, ignorant ce qui m'attend et comment je vais m'en sortir, je commence à m'élever, régulièrement mais calmement. Passées les dernières habitations : calme complet. La route est bonne, la circulation pratiquement nulle, les participants peu nombreux; un seul m'a dépassé en cours de route. Tous les kilomètres, un panneau indique la distance qui reste à parcourir ; le soleil joue à cache-cache avec les nuages, ce qui n'est pas gênant. Arrivé aux deux tiers de l'ascension, je vois sur la route, à une cinquantaine de mètres de moi un animal, que je prends tout d'abord pour un ragondin ; mais en m'approchant, je constate qu'il s'agit d'une marmotte : ma première marmotte ! Elle n'est nullement gênée par ma présence et ce n'est que lorsque j'en suis à une dizaine de mètres qu'elle part se réfugier derrière des rochers. Par la suite j'en ai rencontré d'autres, plus ou moins craintives, certaines sifflant avant d'aller se cacher. Pour l'instant tout va bien : j'ai pris mon rythme de croisière, les kilomètres s'égrainent régulièrement. Un troupeau de moutons broute le long d'un petit cours d'eau. Le chien m'accompagne un moment puis retourne vers son troupeau. A la sortie d'un virage, je découvre un lac d'une eau très claire où se reflètent les nuages et les cimes avoisinantes. Un campeur y fait sa toilette. |
Me voici arrivé à hauteur des anciennes casernes de Restefond. Pas le temps de visiter, je reviendrai. Je sens que j'approche du sommet car l'air est plus vif et le vent commence à se faire sentir. Une courbe à gauche et je débouche sur une portion pratiquement plate où le vent, plus fort et plus froid, m'oblige à mettre un coupe-vent. J'aperçois au loin l'échancrure du col, et, à peine plus loin, mais beaucoup plus haut, le point que je dois atteindre. Cette portion de plat me permet de souffler un peu. Une petite fortification sur la gauche de la route et enfin le col (et non le sommet), où a lieu le contrôle-ravitaillement. Je ne m'arrête pas, je le ferai en redescendant. Pour l'instant je continue, mais là "tout à gauche", car en plus de la pente très raide, mon attention est retenue par les pierres, les trous, le gravier... Une dernière courbe à gauche et c'est le sommet. Une vue magnifique s'étend à perte de vue. Il fait froid, aussi, par dessus le coupe-vent, je passe le ciré. Après avoir poinçonné ma carte des "7 cols ubayens" je poursuis, mais cette fois en descente (pour la première fois après 23 km) jusqu'au col où un café brûlant est le bienvenu. C'est avec nostalgie que je reprends alors la route, en sens inverse, jusqu'à Jausiers, à allure touristique, en découvrant la montagne sous un autre aspect. Je viens de faire mon premier "2000". Le lendemain 8 juillet, ce col était fermé suite à une tempête de neige ! Les jours suivants je poursuis ma moisson de "2000" et je pourrais maintenant dire à Paul MAILLET (revue n°25/97, p52) où se trouvaient les mouches en juillet 96 : Elles étaient toutes avec moi pour m'accompagner ! Robert RAVEAU N°4334 de MOULINS (Allier) |