Pour ceux que "grâce" à elle, on a loupés... Pastichant D. Barbelivien, j 'essaie d' imaginer toutes ces conquêtes que j'espérais, mais qui, hélas n'ont pu se transformer en souvenir. La pluie, on a beau dire que c'est une des composantes normales de notre activité comme le vent, la chaleur; le froid, les montées (et les descentes!), les coups de barre, je ne l'ai jamais beaucoup aimée ; malgré son caractère naturel, je le range plutôt dans les aléas indésirables avec les crevaisons, les chutes, les chiens, les autos, les giratoires, les ralentisseurs et les panneaux "toutes directions" qui ne mènent jamais où l'on va. J'ai donc toujours axé mes ballades vers le sud et la retraite atteinte j'ai émigré dans le même sens. Hélas depuis quelques années le sud n'est plus ce qu'il était et mes randonnées s'en ressentent. SEPTEMBRE 1991. Pluie sur Gap, alors la lassitude aidant j'écourte mon périple de 2 jours, le Buech ce sera pour plus tard. Une chance peut être car sitôt rentré première crise au pancréas, prélude au passage sur le "billard". OCTOBRE 1992. A peine débarqués nous nous fourvoyons dans un raccourci très "col-lant" et même pas "colifère" en lisière de la Sainte Victoire. Les garde-boue font leur boulot... et même un peu trop. Le lavoir de Puyloubier tombe à pic pour soulager nos montures de quelques kilos de terre bien grasse. Quelques jours après, orage sur l'Estérel mais pas de lavoir en vue, alors comme de toute façon René doit rentrer prématurément je n'insiste pas non plus puisque je suis en "rodage". Décidément je n'arriverai pas à explorer ce massif, car déjà en 1982, avec Gilles nous avions dû nous contenter d'une brève visite pour cause d'incendies. |
SEPTEMBRE 1993. A deux jours près nous avons loupé l'orage qui a ravagé la Vallée des Merveilles et emporté le pont de St-Dalmas-deTende ; seul problème, pour passer un peu de muletiers par la Centrale EDF, son court de tennis et la voie ferrée. Pendant une semaine c'est le "grand beau" mais à l'approche de Gênes ça se gâte ; le Monte Beguia et ses antennes sont noyés dans le crachin; plus loin c'est le déluge et c'est transis et trempés malgré les pèlerines que nous arrivons à l'étape. Un hôtel heureusement mais pas de repas car la ville a été inondée et partout on pompe, on nettoie, on déblaye. Le lendemain ça continue et les journaux locaux annoncent des morts et de gros dégâts à 50 km à la ronde. Alors encore une fois retraite prématurée et improvisée malgré la tentative "rachett" des chemins de fer italiens; là au lieu de pester comme les années précédentes les quelques dizaines de cols et diapos perdues me semblent une perte dérisoire par rapport à ce que j'ai vu: la boue partout engluant tout, les autos défoncées ou même emportées par les torrents,... et les victimes bien sûr! Rétrospectivement tout ce que la télé a montré depuis quelque temps, particulièrement sur les régions que le vélo m'a permis de découvrir (Vaison, Porto-Vecchio, Camargue, Ardennes, Aude...) tout cela prend une autre dimension. J'avais bien sûr été touché mais on nous montre tellement de catastrophes un peu partout, en France et ailleurs... que là je l'ai vécu sans en souffrir et j'apprécie aujourd'hui encore le privilège que j'ai eu et que j'ai encore une fois rentré, d'être au sec et de n'avoir rien perdu d'essentiel. Au lieu de regretter comme ces dernières années ce que j'avais perdu, j'apprécie au contraire ce que j'ai gagné. Bien sûr, ce n'est jamais très réjouissant de renoncer à des projets auxquels on a rêvé, surtout lorsque avec l'âge l'avenir se réduit (n'est-ce pas Michel, Marcel, Paul et d'autres sans doute qui cette année ont eu les mêmes problèmes). L'important c'est d'être encore là et de toujours garder l'envie de rêver à d'autres belles ballades futures... avec le soleil bien sûr. Pierre CORDURIE N°351 Salies de Béarn (Pyrénées Atlantiques) |