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Petit bain dans le tunnel du Parpaillon

Revue N° 21 Page 51

Un 8 juillet 1991, nous arrivons en voiture à Crévoux, avec les amis André Sorbière et François Grandclaudon. Au menu : 4 plus de 2000 avec comme hors-d'œuvre le Parpaillon à 2632 m.

Ce légendaire col occupait mon esprit depuis longtemps. Le jour "J" est arrivé, la météo est bonne, nous allons enfin partir à la rencontre de ce colosse, qui nous attend à près de 13km.

Au départ, un hameau pittoresque, la route est encore goudronnée sur près de 2km, puis un petit pont où un panneau signale la route dangereuse. C'est le domaine de la caillasse! La route serpente, au travers de la forêt de pins et de mélèzes, avec une dénivellation qui s'accentue sérieusement, et nous oblige par instant à marcher à pied.

C'est dur, très dur, mais le coup d'œil est superbe de tous côtés. Nous nous élevons doucement, la forêt s'éclaircit, laissant la place à de beaux pâturages où sifflent les marmottes qui se cachent.

Nous atteignons le refuge à 2400m. Des cavaliers se restaurent et nous allons rapidement les imiter, à l'abri d'un gros rocher, près du torrent. Le vent hurle, nous roulons sur des névés, il fait froid. Plus haut, nous croisons des touristes qui descendent à pied. La route est très mauvaise et nous devons éviter de gros blocs de pierre. En levant la tête, nous voyons la chaîne du Parpaillon qui semble nous narguer. C'est vrai, nous sommes tout petits face à ces immenses blocs à la tête blanche, c'est grandiose !

Ca y est ! Il est là-à-à ! C'est le cri d'André, qui est devant, caché par la dernière courbe de la route. Quelle joie ! C'est vrai, le tunnel est là, derrière le névé qui le garde, il nous tend les bras, les portes grandes ouvertes. Imitant Georges Gaillot en 1928 je griffonne un court message, je l'introduis dans un tube d'aspirine que je coince dans un joint sous la plaque côté gauche. J'aurai cette année, dans l'été, un coup de fil d'un cinéaste qui réalisait un film sur le Parpaillon, qui avait trouvé et lu le message. Il m'a dit l'avoir remis à la même place. Ami cyclo qui passe par là jette un œil et appelle-moi !
Franchissant le névé, nous pénétrons dans le noir. C'est impressionnant. Nous roulons dans l'eau, vers une petite lueur blanche, qui est notre "bout du tunnel". L'éclairage, malgré l'appoint de la torche, est insuffisant. Nous évitons une grosse stalagmite qui est plus haute que nous. Des chauves-souris traversent en nous frôlant. Pas très rassurant. Et en plus on se caille. Nous avançons prudemment. Soudain, sans préavis, mon vélo chasse des deux roues sur le flanc d roit, et disparaît dans l'eau. Quant à moi c'est le tapis de sol, glacé qui me réceptionne amicalement. Sans trop de mal, je peux rapidement récupérer mon matériel et sortir de la patinoire. Ce n'était pas prévu, mais c'est ainsi que mon vélo et moi, avons pris un bain sur fond de glace, dans le noir tunnel du Parpaillon, à 2632m d'altitude.

Après cette courte émotion, nous avons poursuivi notre randonnée, avec les cols de Vars, (2108) Chérine (2270) Valbelle (2372) et la belle forêt de Saluces, qui, par le col de la Coche (1791) nous conduit par St-André à Crévoux. Nous retrouvons l'hôtel, la douche, le dîner et surtout le lit ! Récompensés de nos efforts par des images inoubliables. Le lendemain, nous signons le livre d'or à l'auberge de La Ratelle.

Et c'est ainsi que, grâce au récent virus de la "chauvocolmanie", je me suis fait un nouveau copain : "le Parpaillon".

Grand merci à toute votre équipe.

Henri GRAVEZAT

Villeneuve les Avignon N°3414 (Gard)


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