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 Sommaire de la revue N° 15 |
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Titre pédant, mais quoi, Aoste tire son nom d'augusta et les chemins, larges ou étroits, ne manquent pas dans ce petit pays si prés de chez nous. Que ces lignes soient la suite des pages 16 et 17 du n° 13 écrites par quelqu'un qui a connu les mêmes joies que nous. Ce 27 juillet, nous partons de Saint-Rémi pour le col Citrin, ou Citron, le Grand Saint-Bernard ayant servi la veille de prologue. Rien de particulier à dire de ce joli col herbeux avec le Grand Combin en toile de fond. De l'autre côté, un chemin cyclable parcourt la combe de Vertosan, mais franchit, avant de plonger dans la vallée , un ressaut à 1934 m nommé " Colle de Joux Vertosan ". Un morceau sûrement très coriace pris dans l'autre sens. Belle échappée sur le Mont-Blanc dans la descente. Le San Carlo est court et terrible. Consultez votre carte si vous en doutez. Mais c'est un très beau col en forêt, peu fréquenté ce jour-là. Bien sûr, tout le monde est à La Thuile, où se déroule un concours de danse. Des couples se trémoussent au loin sur une estrade, c'est gracieux et bruyant. Ravitaillement et retour au silence sur la petite route de Porassey où finit le goudron et commence l'austère vallon de Chavannes. Il se met à pleuvoir sur le chemin de plus en plus pentu et cahoteux. Le gîte dont on nous a parlé tarde à se montrer. Le voilà enfin, en contrebas, meublé de trois sommiers métalliques dont deux avec matelas. Le luxe. On écoute pleuvoir. La toiture fuit un peu... Lundi. Une bonne heure de marche sous le ciel à nouveau bleu, et, en haut du chemin, la récompense au bout du vallon sans joie : le Mont-Blanc, de l'Aiguille des Glaciers jusqu'au Dolent. Nous sommes heureux, et même contents, car nous ne savions pas qu'un bon sentier descendait directement sur la Lex Blanche. On ne se serait pas amusé s'il avait fallu rejoindre la Seigne par ces pentes enneigées... La cohue motorisée est toujours la plaie du Val Veni, heureusement ignorée dans le moins prestigieux Val Ferret combien plus bucolique. Nous devions passer le Ban Darray, mais la voix de la raison a dit : trop tard, trop loin, trop enneigé peut-être ; passez le col Ferret comme tout le monde, ce que nous avons fait sans plaisir : on ne réédite pas un col muletier. Aux Ars, point de gîte, mais le maître fromager nous prête une tente à arceaux en fibres de verre, qu'il doit monter lui-même car nous sommes fort empruntés devant ce matériel inconnu. Il y a de braves gens en montagne... Mardi. A recommander : la fenêtre de Ferret, ne serait-ce que pour sa très courte descente sur le Grand Saint-Bernard. Bon terrain, des petits lacs, et de belles vues du Dolent. Puis il faut bien se résigner à plonger sur Aoste pour se hisser jusqu'à Ville-sur-Nus. Quelques mécomptes nous attendent, car les villages indiqués sur les panneaux ne sont pas sur la carte et vice-versa, ce qui nous vaut une errance inutile sur une route raide et sans issue au-dessus d'Avisod. Fin de journée à Pra, où personne ne veut de nous. En face, le col Fenêtre, unique échancrure à peine marquée dans la crête boisée, que notre gourou estime avoir le temps de passer avant la nuit. Ce n'est pas l'avis de tout le monde : A chaque jour suffit sa peine, d'autant plus qu'à Baravex, le hameau à côté, un brave homme nous prête sa grange. Mercredi. Le sentier est fort rampant, comme on s'en doutait, et gravi en compagnie ecclésiastique. Pas beaucoup de vue dans cette forêt ; mais la route, qui dévale sur Torgon et Antey-Saint-André, lieux touristiques, est vite atteinte. Un coucou au Cervin, tout là-bas, émouvant souvenir d'une grimpée au Théodule par un itinéraire connu de nous seuls... Encore une fois, tout à gauche pour aller à Promiod, village photogénique, d'où un large chemin pastoral, mène, sans hâte, à ce que nous croyons être le colle Portola : belle vue, mais sous nos pieds perplexes, la falaise... Craintes vaines, le col est à quelques minutes en suivant la crête vers le sud et demande un peu de portage dans la descente. Même exercice du bas vers le haut pour rejoindre le chalet dortoir de Résy, au-dessus de St-Jacques. Bonne soupe et bonne nuit après une fameuse suée, mais c'est vrai, André Voirin, la lire est une monnaie fondante dés qu'on s'offre, par la force des choses, quelques extra. |
Jeudi. Le plus dur était fait, et le colle Bettaforca se trouve au bout d'un chemin en pente modérée. Résy est même accessible en voiture ! Quelques nuages gâtent la vue sur le Mont Rose. Un panneau en quatre langues, dont l'étrange dialecte du val de Gressoney... Deux heures plus tard. C'est malin, on a loupé le départ du colle Ranzola. La récente averse a dû nous dissuader inconsciemment d'aller goûter aux brumes d'altitude... Rien n'est perdu, je vous livre ce petit chef d'œuvre poétique glané dans la descente, et qui méritait bien une photo : " Depuis dix ans je chante Quoi de plus beau que d'attacher son nom à une fontaine, même au prix d'une faute d'orthographe... Mais Pont-Saint-Martin n'est qu'à 345m et la remontée sur Challant-Saint-Anselme n'en est que plus ardue. Le deuxième déluge de la journée nous y a contraints à une longue halte, et je me serais endormi sous le porche, mais l'orage terminé, le jeune Perrodin s'est déjà volatilisé dans le col Zuccore. Je tente de suivre, en partie à pied, la pente ne veut même pas de mon 28x26, amant peu doué d'une cruelle maîtresse. Celui qui m'attend au sommet se nomme Joux, comme ce col qu'on aurait dû passer sans douleur dans la foulée du Ranzola. Y en a-t-il des cols de Joux !? Et moi qui n'en ai qu'un, inconnu, guère haut et plein de cailloux, quelque part dans le Royans, et écrit avec un X... Dernière nuit de juillet, clandestine, dans un hangar à foin de Moron. Michel nous quitte à Aoste pour chercher fortune dans le Grand Paradis avant de regagner le Valais. Pour Jacques et moi, cap au nord sur la Fenêtre de Durand, convoitée depuis nombre d'années. Un col grandiose, de très moyenne difficulté, au bout de 4h30 de montée depuis Glacier. Et ce qu'on a entrevu de la Valpelline donne bien envie d'y aller ; Il y a, au bout, de jolis 3000, mais sont-ils faisables ?...A la Grande Chermotane, le chemin devient cyclable, mais on n'en profitera guère : Jacques, un peu lourd, a pincé sa chambre ; on répare, ma pompe refuse tout service, la sienne débite à peine 10 cm3 . On repart quand même, sous gonflé ; on perce de nouveau, etc... Ce n'est pourtant ni le lieu, ni l'heure de jouer aux shadocks. Alors, puisqu'on ne peut rouler, on court, car le temps fuit, ce qui permet d'admirer à loisir le lac boueux de Mauvoisin depuis le chemin acrobatique qui finit par s'engouffrer dans un tunnel, emploi du fracas des cascades entrevues çà et là par les ouvertures. Des autos osent pénétrer dans ce boyau. Elles vont peut-être au refuge de Chanrion qui semble accessible aux voitures. Ah, ces Suisses ! 15 FS la nuit en dortoir, avec petit déjeuner au chalet hôtel de Mauvoisin ; en prime, puisqu'on est le 1er août, 695e anniversaire de l'indépendance des cantons, un feu d'artifice, l'embrasement d'un énorme bûcher et des chants du pays romand aux paroles un peu oubliées. C'est là une bien sympathique fin de randonnée. Le lendemain, il y a du soleil dans nos cœurs et dans nos rayons, dans la descente sur Martigny, mais " la servante de nos vélos " ne veut plus repartir : sa batterie a séché ! C'est ainsi que nous avons appris combien il en coûte, de temps et d'argent, pour se faire dépanner un samedi 2 août au pays de Guillaume Tell. Mais ceci est hors sujet. Marcel Bioud 38500 Voiron |