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Pluie du matin, n'arrête pas le(s)pèlerins)

Revue N° 14 Page 51

Malgré la pluie de la nuit et la brume du matin, ce samedi 14 septembre 85, nous avons chargé , Alain, "Petit Louis" et moi, les vélos sur la voiture, et en route pour St-Michel de Maurienne.

A 8 heures, en tenues cyclos, en guise de mise en jambes ? Nous avons prévu un petit col, la Porte (900 m) à côté de St-Michel et devons retrouver Jean-François après ce col car il se trouvait sur place depuis la veille. Arrivés au col, afin de ne pas revenir en arrière et également sur les indications de J.F., lors de la réunion du club le mardi, comme quoi on pouvait facilement rejoindre l'autre versant après le col. Nous continuons, mais cela n'en finit pas de monter, on passe le village de Villette, on monte toujours et l'on se retrouve vers une église et la chapelle de Beaune à près de 1400 m. En guise de petit col, on est servi ! Nous voilà enfin sur l'autre versant, descente sur Villard Bernon, gravillons et crevaison de "Petit Louis".

De retour à St-Michel, où J.F., impatient, a eu le temps "d'éplucher" le journal dans le café de la place, mais il est bien un peu responsable de notre retard, nous décidons alors, de reprendre la voiture pour Modane tous les 4, car les 2 grands cols nous attendent.

Il fait froid, malgré le soleil un peu timide, il est vrai, les nuages restent accrochés aux sommets, la route s'élève d'abord en pente agréable, puis une fois franchi le pont surplombant la route d'accès au tunnel routier du Fréjus la pente s'accentue 12 % et plus, de très belles vues sur l'importante gare de triage de Modane, les routes, les viaducs du Charmaix et de Fourneaux, les fortins blockhaus du Replaton et du Sapey sur la montagne d'en face surveillent ? encore la vallée, vestige de la guerre. La route serpente à travers les sapins, vers 11 heures, nous arrivons au Charmaix rebaptisé Val Fréjus, station en plein développement qui reliera bientôt Bardonnecchia en skis par le grand Argentier (3034 m). Pour l'instant, nous sommes à 1580 m et on s'arrête pour grignoter un "morceau", poser les collants, vestes. J.F. tombe par hasard sur des amis assis devant leur chalet, la conversation se prolongeant, nous repartons à 3, il nous rattrapera plus loin.

A la sortie de la station, terminé le revêtement, nous empruntons le GR5, un peu glissant par les pierres et les rochers humides effleurant le chemin, nous nous enfonçons dans la forêt avec à notre droite, le ruisseau des Herbiers, ça monte, plusieurs lacets, un blockhaus, une habitation, un ancien bâtiment militaire haut perché sur la gauche, une retenue d'eau nous arrivons au lieu-dit le Lavoir, nous laissons le G.R. pour prendre à gauche l'ancienne route stratégique direction Col Fréjus, les sapins ont laissé place aux pâturages. Un lacet très pentu, puis un autre, une ligne droite caillouteuse, pentue ! horrible ! poussière grasse, sèche, ça patine, c'est dur malgré le 28 x 25, je mets pieds à terre suivi de "Petit Louis 58 ans", nous apercevons J.F. parti après nous qui arrive, il est jeune, costaud, le bougre I Alain a grimpé sans mettre pied à terre cette affreuse rampe, il nous attend. Nous avons d'énormes difficultés pour repartir sur nos vélos, car cela dérape et par deux fois, Alain tombe sur le côté. Nous voici aux chalets d'alpage appelé le Jeu, altitude 2100 m, petit à petit avec nos moulinettes on s'élève, des montagnes rocheuses, des aiguilles, des ravins, précipices, rendent cette route magnifiquement belle ! dure ! sauvage.
Devant nous, sur le côté de la route, une paroi rocheuse verticale et au milieu, un fort taillé dans cette paroi, les militaires ont creusé un tunnel de l'autre côté de la montagne pour y accéder, le fort gardait le passage car la route s'engage dans un défilé rocheux étroit ou le vent glacial souffle en rafales, nous débouchons sur un replat où d'énormes blocs de rochers sont accumulés, repère de marmottes, car ça siffle fort à notre approche, mais on peut les apercevoir, bien grosses pleines de réserves pour l'hiver.

La pente est moins importante, mais la route toujours aussi en mauvais état, un croisement nous prenons à gauche, 1 Km voici le col de l'Arrondaz, 2509 m, balayé par le vent, le brouillard, visibilité 150 m, nous apercevons les arrivées des remontées mécaniques de Val Fréjus. Nous redescendons au carrefour pour prendre l'autre route direction Col Fréjus 2540 m*, un peu avant d'y arriver, des ruines d'anciens bâtiments militaires, et nous voilà au sommet, grisaille ! froid I pas de chance, collants, pulls, k-way, nous nous réfugions dans les ruines pour déjeuner, il est 13 h 30, le brouillard persistant, après avoir enfilé sacs plastiques aux pieds et mains, nous entreprenons la descente très prudemment. Vers 2300 m, on abandonne le brouillard, nous retrouvons les marmottes et devant l'immensité, la beauté des lieux, nous nous arrêtons plusieurs fois pour photographier.

La technique pour descendre dans cette pierraille est de ne pas s'asseoir sur la selle, un seul cale-pied d'utilisé, les jambes faisant le rôle d'amortisseurs sur les pédales, meilleure répartition du poids sur le cadre, les 2 freins serrés, les numéros d'équilibristes se passent bien. Une crevaison de J.F. seulement. A la station, nous retrouvons avec plaisir la bonne route goudronnée, finies les secousses, la poussière, les crampes aux mains à force de serrer les poignées de frein. Nous sommes heureux, la preuve tout en se laissant glisser sur Modane, nous sifflons, chantons, nos airs préférés. Modane 16 h 30, tous les 4 assis à une terrasse, qu'il est savoureux ce demi de bière après cette belle randonnée cyclo-muletière, seul le brouillard au sommet l'a contrariée, nous reviendrons.

Alain REGNIER, Louis REVIL

Jean-Francois JOLY, Michel CRUMIERE
Membres des C.T. Chambériens.



* Hannibal, général carthaginois et ses éléphants emprunta ce col pour aller faire la guerre contre les romains.



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