Après avoir effectué les Traits d'Union Européen Paris Luxembourg, Bruxelles et Londres, au printemps, me voici au départ de Paris-Berne. 30/07 - Vélo harnaché des sacoches et de la tente - Il est 17 h., lorsque je donne mes premiers coups de pédales Porte d'Italie, direction nationale 7 jusqu'au carrefour Pompadour, ensuite la piste cyclable afin de rejoindre la forêt de Senard et un peu de calme surtout, sur la route de Moissy-Cramayel, où je me paye deux sandwiches et deux bières. Blandy-les-Tours B.P.F. 77, il est maintenant plus de 21 h., il est temps de penser à un abri, c'est chose faite quelques kilomètres plus loin grâce à un abri-bus tout neuf auquel je donne tout de suite 3 étoiles, un peu de foin ramassé sur le talus pour étaler sous le sac de couchage et au lit ! 31/07 - C'est sous la pluie que commence la journée, cela va durer jusqu'au contrôle de Chéroix, ensuite temps gris et paysage monotone, c'est sur une route sans relief que j'atteins Tonnerre. Au milieu de l'après-midi, il reste 50 Km en passant par Tanlag et Crusy-le-Chatel pour arriver à Chatillon B.P.F. 21 (à voir la source de la Douix) mais la surprise de la journée, c'est la montée au camping plus de 15 %. 1/08 - Ce matin il fait beau lorsque je reprends la route en direction de Recy-sur-Ource, ici le pays est plus varié, je suis maintenant dans la Haute-Saône. Après la ville de Gray, me voici dans le Doubs, à Vieilly débute la très dure côte de 3 Km qui conduit à Chamoux puis c'est une succession de côtes pour arriver à Aissey où je passe la nuit. 2/08 - 7 H ce matin quand je prends la route pour Orchamps-Vennes où je fais mon premier col : Le Tounet (960 m), montée de 8 Km facile puis descente sur Morteau où je pointe mon carnet des Emetteurs de Télévision. Villers-le-Lac et le Saut du Doubs (B.P.F. 25) dernier village de France, car la Suisse est dans 8 Km. La frontière se trouve au très facile col des Roches (920 m), je suis désormais à l'étranger pour 22 jours. C'est maintenant la grimpée au col de la Tourne (1.049 m) avec la vue sur le lac de Neuchatel, ville où j'arrive à 16 H. A la sortie survient le premier incident de parcours, bris d'un rayon et, malchance, ceux que je possède sont trop courts, je vais donc au vélociste du coin à l'accent typique des Suisses Francophones où je suis très bien reçu. Au premier abord, il m'avait pris pour un Russe à cause du maillot P.T.T. des cyclosportifs sur lequel figure le C.C.P., puis il m'invite chez lui pour le repas et la nuit, sympa ! 3/08 - Après un copieux petit déjeuner et la photo souvenir, 50 Km me séparent de Berne en passant à Aarberg un très beau pont couvert (le seul qui se trouve sur le parcours). Il est midi lorsque j'arrive à Berne, ville de 160.000 habitants, avec beaucoup de verdure (mais attention aux rails des tramways, ils sont nombreux), il faut voir la vieille ville et ses fontaines, la fosse aux ours et, surtout si le temps est clair, aller derrière le Palais Fédéral admirer les Alpes qui se détachent dans le ciel. 6/08 - Après deux jours passés à Berne, à cause de la pluie et de la neige, me voici de nouveau sur le vélo : Thoune et son lac, Interlaken envahi par les touristes. Me voici maintenant à Innertkirchen (550 m) au pied du premier grand col de mon périple : le Susten (2259 m), 28 Km de montée en 30 x 26 pendant 3 heures avec la neige dès 1.800 m ; au sommet, il y en a 30 cm et il fait très froid, aussi c'est vêtu comme en plein hiver que je plonge côté Wassen pour une dégringolade de 19 Km ; ce soir pas de camping, je dors chez l'habitant. 7/08 - Après avoir assisté à la montée du drapeau, tradition journalière dans le pays, voici Altdorf, ville natale de Guillaume Tell, puis le dur col de Klausen (1948 m), descente sur la magnifique vallée de Linthel ; profitant du beau temps et du terrain plat (chose assez rare en Suisse) je poursuis ma route par Glarus-Walenstdadt et son lac, enfin BadRagaz où je campe ce soir. 8/08 - Aujourd'hui je roule sans bagages car je fais le Tour des Grisons, Randonnée du T.C.S. 187 Km. Dès le départ la route est en montée, et, ce, pendant 60 Km, sommet du Fluela Pass (2383 m) les derniers kilomètres se font tout en lacets sous un soleil de plomb qui fait fondre la neige. Ensuite 20 Km de descente sur Zernez, du plat jusque La Punt et, là, tout à gauche pour la dure montée (11 Km avec passage à plus de 12 %) de l'Albula (2312 m), il fait très chaud dans la descente poussiéreuse sur Tiefencastel (887 m) et dernier col le Lenzerheide (1549 m) puis le retour tout en descente jusque Bad-Ragaz. 9/08 - Le vélo de nouveau chargé me voilà parti pour le Liechtenstein et sa capitale Vaduz. J'ai été assez déçu par cette ville, aussi mon passage sera-t-il très bref. Me voici donc à nouveau en Suisse à Buchs où il se met à pleuvoir, l'ascension du Chazeren (1300 m) se fera la cape sur le dos à cause du temps, l'hébergement sera trouvé dans la salle des fêtes d'Urnasch pour 5 FS. 10/08 - Aujourd'hui chasse aux cols : un parcours tout en zigzags qui me permet de grimper 14 cols en 145 Km et de visiter la ville d'Appenzell où se trouvent les plus jolies maisons de Suisse ; pour ce soir, camping à Kriessern à 200 m de l'Autriche. 11/08 - Ce matin passage de la frontière Autrichienne par un temps magnifique, un simple coup d'oeil du douanier sur ma carte d'identité et me voici sur les pentes surchauffées de la Furkajoch (1760 m), horrible ce col, des pentes de 20 %, pour la première fois je mets le 30 x 32, rapide descente sur Schoppernau et, à peine moins difficile, l'Ochtannberg (1679 m). Voici maintenant Lech, et de nouveau un col : le Flexen plus facile, et plus loin, un 4ème, l'Arlberg ; récompense d'une dure journée pour finir, 35 Km de descente jusqu'au camping de Bludenz. 12/08 - Après avoir descendu hier, il me faut maintenant remonter 1600 m de dénivelée pour atteindre le sommet du Bierlohé (2036 m) avec les 10 derniers kilomètres sur une route à péage, mais gratuit pour les cyclos. C'est à la cafétéria du col en mangeant le traditionnel spaghetti bolognaise que je rencontre un cyclo Français Joel Bour qui, dans "Cyclotourisme" de Juin dernier, raconte sa traversée du Sahara ; nous resterons un jour ensemble. |
13/08 - Après avoir campé à Oetz, nous voilà partis pour un gros morceau : l'ascension du plus haut col Autrichien le Timmeiszoch, 1700 m de dénivelé dans un paysage grandiose avant de voir le sommet à 2509 m. Là-haut, la photo souvenir est prise par un douanier italien, car ici c'est la frontière entre ces deux pays, après le macadam bien lisse de l'Autriche, voici les nids de poule et les tunnels non éclairés des Italiens, prudence ! Dans les 30 Km de descente acrobatique, nous croisons beaucoup de personnes qui, à pied, promènent leur vélo à la main car ici avec des plateaux !! - St-Léonnardo, lieu de séparation avec mon compagnon, lui va sur Mérano, moi le Passo-Di-Giovo (2094 m), 20 Km de montée régulière. Je suis là-haut à 20 H et pour ce soir, camping à Vipiteno et pizzas pour le repas. 14/08 - Ce matin comme mise en jambes un col pas facile : le Passo de Pennes (2214 m) avec là-haut les applaudissements des italiens car ici c'est la région de Moser, puis c'est la descente de 50 Km sur Bolzano avec de nombreux tunnels. Maintenant, je suis sur la route de Trieste-Thonon avec pour objectif le Passo del Mendola au milieu des vignes ; ce soir dodo à la belle étoile à la sortie de Fondo. 18/08 - Réveillé de bonne heure, me voici en quête d'une "alimentari", ce fut chose faite au bout de quelques kilomètres où, malgré l'heure matinale, je trouve un bazar à la propreté douteuse mais suffisamment approvisionné pour satisfaire l'appétit d'un cyclo. C'est donc l'estomac rempli que je me dirige vers le Passo del Tonale, petit détour dans le Gavia mais l'orage m'oblige à rebrousser chemin dans ce col muletier puis je me dirige vers Pomté Dilegnio et enfin Tirano où je passe la nuit à l'hôtel. 19/08 - Ce matin, la mise en route se fait dans la montée de la Bernina, col long de 40 Km ; il est 11 h 30 quand j'arrive au sommet (2328 m) ; prévoyant un pénible après-midi, je me paye sans complexe le menu des grands jours, à savoir 1 plat de spaghettis, 1 plat de lasagnes, le tout arrosé d'une grande bière. Comme prévu, l'après-midi fut pénible dans le Livigno, chaud dans le Passo-Eira et poussiéreux dans le Foscagno, ces trois cols culminant tous entre 2200 et 2300 m et tout ça pour arriver à Bormio à 17 h 30. Comme il est trop tôt pour faire étape, dans la foulée, je me paye le plus célèbre col italien : le Stelvio, 19 Km pas toujours facile et dangereux à cause des tunnels non éclairés où la route est en terre. Malgré tout, je suis à la bifurcation du col d'Umbrail à 19 h 45 où je passe la nuit à l'Albergo-Ristorante du col. 20/08 - C'est par les 3 Km 500 qui me séparent de Stelvio que je commence la journée malgré l'heure matinale là-haut à 2758 m, c'est déjà la bousculade des touristes. Une photo de la stèle élevée à Fausto Coppi et je retourne au col d'Umbrail (2501 m), c'est le col le plus haut de Suisse et là, surprise, 16 Km de descente sur une route en terre. A Santa Maria nouveau plus de 2000 facile : le Pass Dal Fuorn (2149 m) et me voici de nouveau à Zernez, 30 Km de ligne droite avant d'arriver à Silvaplana dans un petit détour pour le Julier Pass (2284 m) dur, dur, ce dernier et ensuite retour à Silvaplana ;la Maloja (1815 m) de ce côté est très facile mais maintenant la route descend jusqu'à Chiavenna et comme il fait encore jour je continue vers le lac de Côme ; pour cette nuit je dormirai au bord d'un champ de maïs. 21/08 - Pour la première fois depuis mon entrée en Suisse, aujourd'hui est une journée sans cols car je longe le lac de Côme, puis celui de Lugano, cette région me rappelle la côte d'Azur par les nombreux palmiers puis c'est l'arrivée à Biasca où je campe. 22/08 - Pendant les deux jours qui vont suivre, je vais escalader les cols de la Suisse centrale avec au menu du jour : le Lukmanier (1915 m) avec son tunnel de 1200 m au sommet, ensuite l'Oberalp (2044 m) où passe le train à crémaillère le Furka-Oberalp. Arrivé à Andermatt à 17 h, je passe le St-Gottard (2108 m) assez facilement, puis c'est l'extraordinaire descente avec des lacets très impressionnants - Pour ce soir, dodo à Airolo. 23/08 - Comme entrée en matière, une montée de 36 Km pour le Nufenen (2478 m) c'est le col où la vue est peut-être la plus belle : la Jungfraü et l'Eiger couverts de neige c'est magnifique. Ensuite, descente à Ulrichen puis montée à Glestch qui est le point de départ de la Furka (2474 m) 11 Km avec passage au glacier du Rhône. Après le retour à Glestch me voici pour 7 Km de montée dans la Grimsel (2165 m) ; ces deux cols sont pénibles à cause de la chaleur. Deuxième retour à Glestch et descente de 60 Km jusqu'à Visp. 24/08 - Ce matin le moral n'est pas terrible car c'est le dernier jour du voyage. Je quitte Visp à 8 h pour Sion, ville qui marque la frontière entre la Suisse Allemanique et la Suisse Francophone, cela fait plaisir d'entendre parler Français. Puis voici Martigny et dernière difficulté le Pas de Morgins (1369 m), ensuite Chatel-Abondance puis route de la Drancede-Morzine bien connue des amis cyclos du Tour de France Randonneur. Il est 19 h quand je passe le panneau Thonon-les-Bains qui marque la fin du voyage. Le retour à Amiens se fera par le train, faute de temps. Bilan du voyage : 25 jours, 3600 Km, 63 cols dont 21 plus de 2000 m, 10 rayons et un blocage-rapide de cassés, un accueil sympathique partout. Question de dialoguer en Suisse Allemande, on trouve toujours quelqu'un qui parle le Français ; en Autriche, c'est plus rare (prévoir un petit dictionnaire) ; l'Italie pas de gros problèmes mais le point noir dans ce pays c'est l'état des routes très mauvais et le manque de propreté des campings. Même dans les alimentations, il ne faut pas être trop regardant et il faut aimer les frites servies dans du papier journal à Bolzano. Pour 1986, je prévois le Trait Union Européen Paris-Vienne. puis retour à bicyclette avec des "variantes es-président", soit : 4 400 Km, 110 cols en 29 jours, le tout en cyclocamping. Avis aux amateurs, vous serez les bienvenus. Gérard CARBONNIER A.S.P.T.T. Amiens |